Le Délire

Gallimard
Parution
Une femme qui se persuade qu'elle n'aime plus son mari, prend un amant, découvre la lâcheté de celui-ci et retourne à ses joies familières ; une autre qui, jalouse des divertissements et de la liberté d'un homme, corrompt par subterfuge le premier souvenir de jeunesse qu'il conservait au fond du cœur et se condamne définitivement aux yeux de sa victime ; la carrière d'un commandant de navire que compromet à jamais un mouvement des sens, impérieux et absurde ; enfin, les égarements d'une imagination prêtant une seconde personnalité à une servante qui ne peut s'accommoder de cette vie par goût du labeur simple et obscur, tels sont les «sujets» de ces quatre nouvelles réunies sous le titre du Délire.
Comme il était pour chacun d'eux une manière normale de vivre, on a voulu montrer dans les circonstances exceptionnelles de leur vie des personnages qui, fougueusement ou avec tranquillité, sans bruit ou d'une façon taciturne, avec hypocrisie ou persuasion, plus ou moins s'en sont éloignés.
De là le titre qui pourrait leur être commun. À ces moments où ils sont peints, ils montrent des sens plus exigeants, une prudence, une ardeur de l'âme et une rouerie dont ils eussent sans doute été incapables dans les jours ordinaires.
Ainsi séparés par la différence d'intensité des moments, ces personnages d'un monde marin sont pourtant liés dans le livre par cet écart d'une ligne droite, par cet antipode de la rectitude dans l'exercice des sens et de l'esprit qui se nomme proprement Le Délire.