Héry
Collection La Renaissance de la Nouvelle
Gallimard
Parution
N'appartient plus au catalogue de l'éditeur depuis
1984
Cinq nouvelles... Cinq petits romans, devrait-on dire. Des personnages qui s'enfonceront profondément dans l'esprit du lecteur, qu'il ne quittera qu'à regret, auxquels il pensera souvent. Tout l'art sensible et si personnel de l'auteur de Renaissance, de La Patrie intérieure et d'À sa lumière.
Héry, le héros de la première nouvelle, quelle attachante figure! C'est le dilettante et l'homme bien élevé, de tempérament aristocratique, comme on n'en rencontre pour ainsi dire plus ; c'est aussi l'homme qui, sous un masque brillant, cache une terrible misère intérieure, des plaies inguérissables. Au moment même où le lecteur voudra adresser à son caractère de vifs reproches, tout en s'élevant avec vigueur contre sa conception affreusement désenchantée de la vie, il se demandera si «le vieil Héry» n'était pas dans le vrai, et, brusquement., ne songera plus qu'à le plaindre. Et jusqu'à la fin de la nouvelle le lecteur demeurera dans cette impression d'indécision bouleversante. En effet, comment savoir?...
Près de la cote 304 est une nouvelle classique, en contraste avec les quatre autres du livre. Ignace Legrand l'a surtout écrite par esprit de vérité et de justice. Dans l'abondante littérature issue de la guerre, on ne voit vraiment pas assez de lieutenants Mégevand, et pourtant quel est l'ancien combattant qui n'en a point connu? Haïr la guerre, se révolter contre son horreur et sa prodigieuse imbécillité, c'est bien, mais comprendre et aimer un lieutenant Mégevand, c'est montrer aussi de l'esprit. L'art n'a point à prendre parti.
Leçons de vacances affligera peut-être certains lecteurs. Une femme, intelligente et d'un grand charme, aime et respecte son mari, et cependant elle ne peut s'empêcher de le tromper parce que le démon sensuel de son mari ne correspond pas au sien, ou plutôt parce que le sien se dérobe sans cesse aux multiples tentatives qu'elle fait pour le saisir. C'est à la fois un peu compliqué et très simple. La rencontre toute imprévue, sur une plage, d'un jeune homme... à tout point de vue encore très jeune, mais charmant et très beau, lui permet de prendre enfin de ce rétif démon une conscience extrêmement forte. La Fatalité antique?... Mais cette femme est, répétons-le, une femme intelligente ; elle possède un esprit qui peut planer sur ses sens ; elle est capable de descendre profondément en elle, de se juger ; elle est composée de parties bien distinctes ; c'est une vraie femme ; on peut lui faire crédit, lui accorder à la fois son estime et son affection ; bref, c'est une héroïne de Ignace Legrand qui néanmoins n'a pas voulu conclure. La nouvelle se termine sur des paroles de profond découragement du mari. Et pourtant... Oui, très probablement ce couple saisissant connaîtra bientôt un grand, un complet bonheur.
Avec l'ombre de Katherine Mansfield... Que dirons-nous? Ignace Legrand aime passionnément Katherine Mansfield, la femme et l'écrivain ; il se promène souvent avec son ombre... Aussi aime-t-il beaucoup moins les hommes trop sûrs d'eux-mêmes qui n'ont que mépris et bienveillance affectée et dérisoire pour toutes les Katherine Mansfield que renferme encore, Dieu merci, notre vieux monde, et pour ce que ces hommes appellent d'une expression par trop simplette et dans leur bouche, toute péjorative, «romantisme féminin». Un mélange de coquetterie, de maniérisme et d'enfantillage essentiellement féminins, peut être une forme, infiniment touchante, de noblesse, de grandeur d'âme, et d'héroïsme...
Sandro est la nouvelle de son recueil qu'Ignace Legrand préfère. Le lecteur sera-t-il de cet avis?
Héry, le héros de la première nouvelle, quelle attachante figure! C'est le dilettante et l'homme bien élevé, de tempérament aristocratique, comme on n'en rencontre pour ainsi dire plus ; c'est aussi l'homme qui, sous un masque brillant, cache une terrible misère intérieure, des plaies inguérissables. Au moment même où le lecteur voudra adresser à son caractère de vifs reproches, tout en s'élevant avec vigueur contre sa conception affreusement désenchantée de la vie, il se demandera si «le vieil Héry» n'était pas dans le vrai, et, brusquement., ne songera plus qu'à le plaindre. Et jusqu'à la fin de la nouvelle le lecteur demeurera dans cette impression d'indécision bouleversante. En effet, comment savoir?...
Près de la cote 304 est une nouvelle classique, en contraste avec les quatre autres du livre. Ignace Legrand l'a surtout écrite par esprit de vérité et de justice. Dans l'abondante littérature issue de la guerre, on ne voit vraiment pas assez de lieutenants Mégevand, et pourtant quel est l'ancien combattant qui n'en a point connu? Haïr la guerre, se révolter contre son horreur et sa prodigieuse imbécillité, c'est bien, mais comprendre et aimer un lieutenant Mégevand, c'est montrer aussi de l'esprit. L'art n'a point à prendre parti.
Leçons de vacances affligera peut-être certains lecteurs. Une femme, intelligente et d'un grand charme, aime et respecte son mari, et cependant elle ne peut s'empêcher de le tromper parce que le démon sensuel de son mari ne correspond pas au sien, ou plutôt parce que le sien se dérobe sans cesse aux multiples tentatives qu'elle fait pour le saisir. C'est à la fois un peu compliqué et très simple. La rencontre toute imprévue, sur une plage, d'un jeune homme... à tout point de vue encore très jeune, mais charmant et très beau, lui permet de prendre enfin de ce rétif démon une conscience extrêmement forte. La Fatalité antique?... Mais cette femme est, répétons-le, une femme intelligente ; elle possède un esprit qui peut planer sur ses sens ; elle est capable de descendre profondément en elle, de se juger ; elle est composée de parties bien distinctes ; c'est une vraie femme ; on peut lui faire crédit, lui accorder à la fois son estime et son affection ; bref, c'est une héroïne de Ignace Legrand qui néanmoins n'a pas voulu conclure. La nouvelle se termine sur des paroles de profond découragement du mari. Et pourtant... Oui, très probablement ce couple saisissant connaîtra bientôt un grand, un complet bonheur.
Avec l'ombre de Katherine Mansfield... Que dirons-nous? Ignace Legrand aime passionnément Katherine Mansfield, la femme et l'écrivain ; il se promène souvent avec son ombre... Aussi aime-t-il beaucoup moins les hommes trop sûrs d'eux-mêmes qui n'ont que mépris et bienveillance affectée et dérisoire pour toutes les Katherine Mansfield que renferme encore, Dieu merci, notre vieux monde, et pour ce que ces hommes appellent d'une expression par trop simplette et dans leur bouche, toute péjorative, «romantisme féminin». Un mélange de coquetterie, de maniérisme et d'enfantillage essentiellement féminins, peut être une forme, infiniment touchante, de noblesse, de grandeur d'âme, et d'héroïsme...
Sandro est la nouvelle de son recueil qu'Ignace Legrand préfère. Le lecteur sera-t-il de cet avis?