La générale de Boismagny, dite Mine pour ses intimes, s’est installée dans une luxueuse villa de Saint-Germain après quatre mariages et une vie de conquêtes. Elle défend victorieusement sa beauté, soignée par une femme de confiance, Madame Ganne, et reçoit encore force hommages.
Elle fait venir de Majunga, pour en faire son héritière et l’initier à la vie mondaine, sa petite fille Carole, jeune sauvageonne élevée aux hasards des garnisons lointaines. Carole va au lycée, y éblouit ses camarades par son exotisme, ses parures, l’étrangeté de son luxe. Autour d’elle la curiosité des adolescentes s’émeut. Les unes l’envient et la détestent. D’autres l’admirent. Toutes sont prêtes à lui construire une destinée romanesque et ce roman trouve prétexte quand Mine donne à Carole une bague de diamant que toutes prennent pour une bague de fiançailles. Carole ne dément pas, car, un jour, à la sortie du lycée, mettant à profit l’absence de madame Ganne, elle s’est promenée en ville, a vu une photo de jeune acteur qui l’a soudain attirée, l’a achetée, la cache dans un livre, en rêve avec toute la fougue d’un premier éveil et d’autant plus de trouble qu’auprès de Mine, vieillissante et hantée de souvenirs, elle vit dans une atmosphère d’amour.
Où est le réel? Où est l’imaginaire? Elle ne le sait plus. Des hasards, le printemps, les demi-confidences, l’ingéniosité de la ronde Élisabeth Gouge, fille de pâtissier, construisent autour d’elle une légende qui devient l’aventure de toutes ces petites filles.
Carole sortira du cercle enchanté, entraînée par Mine vers une de ses résidences d’été : mais toutes les autres, malgré les démentis du réel, poursuivent leur rêve. Les envieuses de Carole auront beau faire. Rien ne détachera Élisabeth et ses fidèles de la fiction qui a exaucé leur jeune besoin de bonheur.