«Aucun de nous ne peut plus vivre sa vraie vie», dit un des héros de La Jeunesse déchirée.
C’est à ce drame de la jeunesse sous l’occupation que s’est attachée Jeanne Galzy dans ce roman qui s’étend sur quatre ans, du Nord au Midi de la France, et qui présente un grand nombre de jeunes gens et de jeunes filles. Les plus faibles acceptent le servage, les pires, comme Christian et Line, en profitent. Les meilleurs s’en évadent, à travers les défaillances de leur besoin d’amour et les hésitations de leur conscience et de leur cœur.
Les aventures de Gilles, trahi par Line et jeté vers les combats clandestins, de Milhaud traqué, d’Evelyne Hatier, prophétesse guerrière, de Lucienne, dévorée autant par la phtisie que par le souvenir brûlant d’une morte, du catholique Ruffec qui veut combattre les forces démoniaques déchaînées sur le monde et, en lui, son amour charnel, s’entrecroisent, s’enchevêtrent, forment le roman collectif d’une génération qui n’a pas eu à obéir à des consignes inéluctables, mais à chercher péniblement sa voie.
Ce roman très dense, la plus marquante des œuvres de Jeanne Galzy, est un témoignage et aussi un appel. Jusques à quand, dans nos démêlés sanglants, la jeunesse irresponsable des événements aura-t-elle à en porter le poids le plus lourd? Quand cessera-t-il-dans le monde, le massacre des Innocents?