«Ce n'est pas à nous de dire ce que Ilya Ehrenbourg a fait, ce qu'il a vécu, connu. Il le dit dans ce livre de souvenirs inédits, parfois avec prudence. Ehrenbourg est trop sage pour jeter ses cartes avec un cri inutile. Il ne cherche à avoir ni de l'esprit, ni du style : ce sont les faits qui ont de l'esprit, c'est sa démarche qui a du style. On l'écoute avec passion parce qu'il est l'homme qui est passé au travers des cataclysmes et des terreurs, avec le privilège d'approuver moins que les autres et de dire plus que les autres. On l'écoute. Et on entend alors un patriote qui, faisant sa mesure de critiques, nous dit qu'il vient du plus grand pays du monde, le pays qui poursuit l'expérience sociale la plus fascinante.
Quand il a fini d'embrasser sans le savoir la terre russe, il se tourne vers la France, sa seconde patrie, comme un amant trompé, pour nous dire à la fois ce que nous avons été et ce que nous devrions être.»
Emmanuel d'Astier.