Jésus raconté par le Juif errant
Collection Hors série Connaissance
Gallimard
Parution
Cet homme étrange, que l'auteur de L'Enfant Prophète, du Juif du Pape, de Moïse et de Salomon, rencontre aux abords de Jérusalem, ne lui rapporte, sur Jésus, ses disciples ou ses adversaires, rien que ne puissent confirmer les souvenirs de la Chrétienté ou ceux d'Israël : une Table des Concordances, placée à la fin du volume, le rappellera
aux érudits. Et, cependant, cette histoire, racontée tant de milliers de fois, prend, dans ce récit unique entre tous, un accent d'entière nouveauté.
C'est que le narrateur est ce paralytique, à qui Jésus avait ordonné jadis : «Lève-toi, prends ton lit, et marche!» Il a suivi le Maître, l'a défendu, aimé, adoré ; et, pour l'avoir renié au jour de la crucifixion, il doit errer jusqu'à la fin des temps, – douloureux porteur de deux traditions opposées, qu'il veut concilier dans une grande espérance.
Chacune des paroles, chacun des actes du Galiléen a été, dans la vie même de ce témoin, un événement personnel, qui la bouleverse encore. Il nous redit à sa façon l'Évangile; mais cet Évangile est, en même temps, son roman à lui, le roman de ses souffrances et de ses guérisons, de ses admirations et de ses doutes, de ses angoisses, de ses abandons, – le roman de toute âme, devant les énigmes du Christ.
Puis, ce témoin si frémissant survit, depuis 1900 ans, au drame dont il rend témoignage. Il peut, à son gré, le confronter à l'esprit des siècles qu'il a traversés, le transporter tout à coup parmi les paysages matériels ou moraux de notre époque, et, après lui avoir conféré de la sorte la plus terrible actualité, le prolonger dans le rêve jusqu'aux perspectives d'un avenir sans limites.
Ayant tout lu, tout entendu, il pose aussi tous les problèmes : le Jésus de la tradition chrétienne serait-il plus historique que ceux des historiens? Serait-ce pourquoi les Juifs ne l'ont pas suivi? N'était-il pas, cependant, plus juif qu'on ne l'a dit? En continuant le Dieu d'amour, renonçait-il au Dieu de vengeance? Le Messie né avant le monde fut-il, à l'origine, une conception juive? Y a-t-il eu un Jésus politique? Quelle est, dans sa mort, la part de Rome, celle d'Israël? Où sont ceux, de nos jours, qui le crucifieraient? Il voulait réaliser les Prophètes ; qui voudra, aujourd'hui, réaliser Jésus? Ces questions, et beaucoup d'autres, le narrateur, en passant, les examine. Mais il mêle partout la vie à la critique, et, à la liberté d'esprit, le sens du mystère.
C'est pourquoi, dans sa familiarité, dans sa passion, dans sa tendresse et son humour, dans ses mélancolies de névropathe, ses invectives de maudisseur et ses visions d'illuminé, il donne, sur un ton d'une véracité péremptoire, une image de Jésus si extraordinairement saisissante, qu'elle soulèvera sans doute, de tous côtés, des protestations irritées, mais rapprochera peut-être aussi, en une même émotion, le Chrétien et le Juif, l'athée et le croyant.
C'est que le narrateur est ce paralytique, à qui Jésus avait ordonné jadis : «Lève-toi, prends ton lit, et marche!» Il a suivi le Maître, l'a défendu, aimé, adoré ; et, pour l'avoir renié au jour de la crucifixion, il doit errer jusqu'à la fin des temps, – douloureux porteur de deux traditions opposées, qu'il veut concilier dans une grande espérance.
Chacune des paroles, chacun des actes du Galiléen a été, dans la vie même de ce témoin, un événement personnel, qui la bouleverse encore. Il nous redit à sa façon l'Évangile; mais cet Évangile est, en même temps, son roman à lui, le roman de ses souffrances et de ses guérisons, de ses admirations et de ses doutes, de ses angoisses, de ses abandons, – le roman de toute âme, devant les énigmes du Christ.
Puis, ce témoin si frémissant survit, depuis 1900 ans, au drame dont il rend témoignage. Il peut, à son gré, le confronter à l'esprit des siècles qu'il a traversés, le transporter tout à coup parmi les paysages matériels ou moraux de notre époque, et, après lui avoir conféré de la sorte la plus terrible actualité, le prolonger dans le rêve jusqu'aux perspectives d'un avenir sans limites.
Ayant tout lu, tout entendu, il pose aussi tous les problèmes : le Jésus de la tradition chrétienne serait-il plus historique que ceux des historiens? Serait-ce pourquoi les Juifs ne l'ont pas suivi? N'était-il pas, cependant, plus juif qu'on ne l'a dit? En continuant le Dieu d'amour, renonçait-il au Dieu de vengeance? Le Messie né avant le monde fut-il, à l'origine, une conception juive? Y a-t-il eu un Jésus politique? Quelle est, dans sa mort, la part de Rome, celle d'Israël? Où sont ceux, de nos jours, qui le crucifieraient? Il voulait réaliser les Prophètes ; qui voudra, aujourd'hui, réaliser Jésus? Ces questions, et beaucoup d'autres, le narrateur, en passant, les examine. Mais il mêle partout la vie à la critique, et, à la liberté d'esprit, le sens du mystère.
C'est pourquoi, dans sa familiarité, dans sa passion, dans sa tendresse et son humour, dans ses mélancolies de névropathe, ses invectives de maudisseur et ses visions d'illuminé, il donne, sur un ton d'une véracité péremptoire, une image de Jésus si extraordinairement saisissante, qu'elle soulèvera sans doute, de tous côtés, des protestations irritées, mais rapprochera peut-être aussi, en une même émotion, le Chrétien et le Juif, l'athée et le croyant.