Écoute, Israël...
II
L'Éternel est notre Dieu
Collection Blanche
Gallimard
Parution
«Écoute, Israël... L'Éternel est notre Dieu... L'Éternel est Un...» Ces trois courtes phrases, empruntées à la plus célèbre des prières juives, doivent servir de titres aux trois volumes qu'Edmond Fleg se propose, depuis tant d'années, de consacrer aux destins séculaires de sa race. À l'intérieur de chacun de ces volumes, – indépendant des deux autres – chaque poème demeurera, en soi-même, un tout, sans référence nécessaire à ce qui précède ou à ce qui suit : l'ensemble n'en formera pas moins une vaste œuvre cyclique, ayant son
unité d'inspiration et de composition.
Les premiers poèmes d'Écoute, Israël, parurent en 1913 aux Cahiers de la Quinzaine de Charles Péguy ; puis les Éditions Crès publièrent le volume dans son entier, et les Éditions Gallimard en donnèrent récemment une version nouvelle et définitive. Écoute, Israël évoquait les Patriarches, l'esclavage et l'exode d'Égypte, les Prophètes et les Rois, jusqu'à la destruction du Premier Temple et au départ vers les nouvelles servitudes. Une prosodie assez fruste créait autour de ces évocations une atmosphère fortement teintée d'hébraïsme.
Dans le présent volume, L'Éternel est notre Dieu, qui sera suivi de L'Éternel est Un, la forme, au contraire, se fait progressivement plus régulière, plus classique : c'est que le livre, qui commence avec l'époque d'Ézéchiel, se termine avec celle de Bérénice : retour à la terre des promesses, fastes et deuils du Second Temple sous les Macchabées les Pharisiens, les Sadducéens et les Zélotes. Mais, ici encore, Israël n'est pas seul : les Degrés de Mardouk, les colonnes des Propylées, les rostres du Forum accompagnent le Sanctuaire de Sion ; et, auprès de Daniel, d'Esther ou de Judith, de Hillel, de Philon ou d'Hérode, surgissent les grandes images de Nabuchodonosor ou de Cyrus, d'Alexandre, de César ou de Titus, de Jésus, de saint Paul : l'épopée juive, que colorent les langages de toutes les civilisations, ne peut se séparer de l'épopée humaine.
Aussi les tons les plus divers y trouvent-ils leur place : celui du conte ou du chant d'amour, 'comme celui de l'hymne, de l'ode ou de l'élégie ; la satire, l'humour même, n'en sont point absents. Fidèle à une tradition plusieurs fois millénaire, le poète ne ménage guère cet Hébreu, ce Juif, son héros ; il n'hésite pas à projeter, sur ses péchés, sur ses crimes, la lumière la plus crue : Israël. souvent admirable, souvent indigne de sa mission, reste l'instrument d'une Force qui le dépasse, révélant et réaffirmant sans cesse au monde une éternelle vérité : c'est que, malgré tous les triomphes de la Brute, l'Esprit gouverne l'univers ; c'est que l'Unité divine se reflète dans l'Unité humaine, et que les Droits de l'Homme ne sont qu'un autre aspect des Droits de Dieu.
Plus que jamais, l'époque où nous entrons donne à cette vérité, à la fois juive et chrétienne, une tragique actualité. Et peut-être aussi le temps est-il venu de rendre à la poésie, ces grands sujets qui, par delà les jeux purs de la technique, seront pour la foule, des lecteurs ou des auditeurs, la source d'une indispensable exaltation.
Les premiers poèmes d'Écoute, Israël, parurent en 1913 aux Cahiers de la Quinzaine de Charles Péguy ; puis les Éditions Crès publièrent le volume dans son entier, et les Éditions Gallimard en donnèrent récemment une version nouvelle et définitive. Écoute, Israël évoquait les Patriarches, l'esclavage et l'exode d'Égypte, les Prophètes et les Rois, jusqu'à la destruction du Premier Temple et au départ vers les nouvelles servitudes. Une prosodie assez fruste créait autour de ces évocations une atmosphère fortement teintée d'hébraïsme.
Dans le présent volume, L'Éternel est notre Dieu, qui sera suivi de L'Éternel est Un, la forme, au contraire, se fait progressivement plus régulière, plus classique : c'est que le livre, qui commence avec l'époque d'Ézéchiel, se termine avec celle de Bérénice : retour à la terre des promesses, fastes et deuils du Second Temple sous les Macchabées les Pharisiens, les Sadducéens et les Zélotes. Mais, ici encore, Israël n'est pas seul : les Degrés de Mardouk, les colonnes des Propylées, les rostres du Forum accompagnent le Sanctuaire de Sion ; et, auprès de Daniel, d'Esther ou de Judith, de Hillel, de Philon ou d'Hérode, surgissent les grandes images de Nabuchodonosor ou de Cyrus, d'Alexandre, de César ou de Titus, de Jésus, de saint Paul : l'épopée juive, que colorent les langages de toutes les civilisations, ne peut se séparer de l'épopée humaine.
Aussi les tons les plus divers y trouvent-ils leur place : celui du conte ou du chant d'amour, 'comme celui de l'hymne, de l'ode ou de l'élégie ; la satire, l'humour même, n'en sont point absents. Fidèle à une tradition plusieurs fois millénaire, le poète ne ménage guère cet Hébreu, ce Juif, son héros ; il n'hésite pas à projeter, sur ses péchés, sur ses crimes, la lumière la plus crue : Israël. souvent admirable, souvent indigne de sa mission, reste l'instrument d'une Force qui le dépasse, révélant et réaffirmant sans cesse au monde une éternelle vérité : c'est que, malgré tous les triomphes de la Brute, l'Esprit gouverne l'univers ; c'est que l'Unité divine se reflète dans l'Unité humaine, et que les Droits de l'Homme ne sont qu'un autre aspect des Droits de Dieu.
Plus que jamais, l'époque où nous entrons donne à cette vérité, à la fois juive et chrétienne, une tragique actualité. Et peut-être aussi le temps est-il venu de rendre à la poésie, ces grands sujets qui, par delà les jeux purs de la technique, seront pour la foule, des lecteurs ou des auditeurs, la source d'une indispensable exaltation.