Fantômes au soleil
Collection Blanche
Gallimard
Parution
À Tipasa, un village de la côte à cent kilomètres d'Alger, vivent les Pérez qui se réunissent le dimanche au log is du vieux Raphaël, leur père, et de Maria, leur mère. Raphaël, menuisier de son état, mais qui ne cesse de regretter de n'avoir pu être un ébéniste d'art, n'a pas le caractère facile. Taciturne, il ne parle que pour se mettre en colère, accabler ses fils de son mépris, contrerecarrer leurs projets et leurs désirs, et gâcher leurs humbles joies. Un jour, il obtient la médaille du travail. Tout le monde au village veut le fêter, mais Raphaël s'enferme dans son mutisme, sa hargne et son orgueil. Il refuse toute aide. Désormais, il ne quitte plus son atelier où, dans une sorte de folie mystique, il construit son «chef-d'œuvre», un invraisemblable cercueil tarabiscoté, compliqué, exagérément orné, affreux. Ce cercueil, qu'il cache à tous, sauf au facteur, mais dont tout le monde parle, devient la fable du village. La plupart croient que Raphaël est fou, ce qui n'est pas inexact. Le facteur entreprend de monter une brillante affaire commerciale en photographiant Raphaël auprès de son œuvre et en vendant les épreuves aux touristes d'Alger. De son côté, le maire s'imagine que Raphaël s'enferme pour comploter avec les indigènes et chasser les Français d'Algérie. Bref, tout le village est sens dessus dessous, et le roman, qui avait débuté en comédie burlesque, se change en drame pour s'achever en sombre tragédie... Les «artistes du dimanche» ne seraient-ils pas parfois, eux aussi, des artistes maudits?...