Empreintes dans le sel

Gabriel Delley, chirurgien-dentiste, fait fortune à Blida, petite ville d'Algérie, et les plus vastes horizons sont ouverts à son ambition politique. Mais sa jeunesse tourmentée et trouble revit d'une façon inexplicablement cruelle dans son fils Jean. Ce dernier, encouragé par la faiblesse de sa mère, vole, comme son père le faisait autrefois. Mais avec le temps, Gabriel Delley est devenu, lui, un honnête homme. Déchiré de voir sa race piétinée dans les empreintes qui furent les siennes, menacé dans ses œuvres vives, il décide d'arracher son fils à la complaisance de Blida pour lui imposer une nouvelle discipline. Habilement, il imagine que la Méditerranée entre son fils et lui sera une marge de sécurité favorable à son désir de paix.
Mais l'aventure commence à la faveur de ce voyage. Tout d'abord, obsédé par la puissance des souvenirs, Delley commet la faute irréparable d'installer sa famille à Paris, dans le petit hôtel où il fut jadis étudiant. Au sortir de l'été blidéen, il semble que le dentiste s'épuise tout à coup à retrouver une présence ; il évoque des actions mauvaises commises par lui autrefois. Le symbole d'une statue ancienne qu'il vola et dont il retrouve le pendant est l'image à la fois de son salut et de sa damnation. À partir de ce moment, il est pris au piège de l'hôtel qui devient un lieu hanté, une espèce de puits comme au jeu de l'oie où il faut attendre qu'un joueur malchanceux prenne votre place et vous délivre... Quel est le messager tant attendu par le dentiste? Il a bien le sentiment qu'une présence, fût-elle surnaturelle, doit venir le délivrer à la fin. Son désir est exaucé dans une atmosphère d'intrigues.
Avec ce nouveau roman où abondent les scènes haletantes, cruelles, violentes, René-Jean Clot a, avec une force singulière, écrit la sombre tragédie de l'hérédité.