Strophes pour un rossignol

Collection Tirages restreints
Gallimard
Parution
Toutes les nuits, pendant le «sommeil des autres» et jusqu'à la «lueur livide, annonciatrice de l'aube», le rossignol se livre à son «prodigieux envol sonore» sous la fenêtre d'une femme, qui demande à «cette graine cachée qui éclate de l'éperdu désir d'être» de l'aider à porter le «magnifique et pesant fardeau» du souvenir.
Mais pour gravir la «merveilleuse échelle de cristal» que tend l'oiseau de flamme, l'oiseau-miroir, l'oiseau-délire, il faut être «toute attention, tout accueil». Et pour ne pas trahir ce que fut cette ferveur, «l'unique salut est de suivre avec patience les humbles pas de la mémoire», car «toute déformation est un manque d'amour».
Après avoir, sept fois de suite, opéré ce «bond magique» du vide à la plénitude de l'âme, le rossignol s'en va, qui n'était bientôt plus qu'un «prestigieux acrobate qui se balance au bout d'une corde lumineuse». Dans le cœur de celle qui veille, il reste une grande reconnaissance pour ce «petit être frémissant que le hasard a placé au bord de (sa) détresse», et qui a permis «l'écoulement harmonieux de (sa) peine». Il reste surtout ce poème, qui est la fixation d'un «engagement passionné plus fort que le désir» ; et qui est le dernier terme d'II y a quarante ans, cet inoubliable récit «d'un court moment, d'un accord tel que sa résonance s'est prolongée tout au long d'une vie».