Les funérailles inachevées

Dans la propriété ancestrale des ducs de Combon de Triton, se noue une étrange tragédie à six personnages. L'actrice principale en est Ermelinda, duchesse de Combon de Triton : c'est elle qui, d'une fausse agonie à l'autre, parvient à maintenir sa famille entière sous son joug. Fière d'avoir subi trente-six opérations sans anesthésie, sans compter d'innombrables crises cardiaques, elle commande elle-même ses propres funérailles à chaque nouvelle crise : le corbillard s'avance au milieu du parc, tiré par quatre pur-sang arabes, empanachés, habillés de drap noir aux armes ducales, et le voisinage entier s'assemble, chuchotant et priant, attendant l'issue fatale. L'alarme passée, Ermelinda renvoie tout son monde, guérie, triomphante, assurée à nouveau de l'indéfectible attachement des siens, certaine de poursuivre son règne sur sa famille. Elle est seule à savoir que sa vraie maladie, c'est la vie elle-même. Elle se livre avec le destin à de savants marchandages, dont les bénéficiaires, ou plutôt les victimes, sont le duc, époux falot, sa fille Éloïse, à la fois dévouée et révoltée, et son fils Barnandrasse, dont l'unique souci est de la fuir.
Dans ce récit attachant, Niccolò Tucci louvoie avec maîtrise entre la bouffonnerie et la tragédie, entre le cynisme et l'émotion. Avec grâce et esprit, avec une vigueur faite de sous-entendus, il crée un monde à la fois réel et symbolique, et à travers une intrigue simple analyse l'un des aspects les plus cachés et les plus invincibles de la tyrannie.