Les armes secrètes - Julio Cortázar
Julio Cortázar
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Les armes secrètes

Las armas secretas
Trad. de l'espagnol (Argentine) par Laure Guille
Traduction revue
Collection La Croix du Sud
Gallimard
Parution
En lisant la première nouvelle de Julio Cortázar, La Nuit face au ciel, le lecteur est d'emblée sollicité, subjugué par l'évidence d'une action qui se poursuivra à travers tout le livre, transposée, éclairée différemment selon chaque récit, chaque personnage.
Dans Les Fils de la Vierge, avec Johnny et Dédée dans L'Homme à l'affût, Alina Reyes dans La lointaine, Délia dans Circé, dans l'admirable Axolotl, il retrouvera la même obsession qui semble diaboliquement posséder le grand écrivain argentin : celle de l'homme ayant découvert sa réalité dans l'imaginaire, ou son domaine imaginaire dans une existence aux données les plus réalistes. Les frontières entre l'action inconsciente du rêve et celle – concertée – d'un drame vécu n'existent pas pour les «je» successifs de Julio Cortázar. Il va et vient, anxieux dans la mesure d'une parfaite liberté d'action, à travers un monde dont l'insolite fluidité remet en cause les notions admises d'un envers et d'un endroit, d'un haut et d'un bas éventuels.
Les «histoires» de Julio Cortázar (qui appartient à la génération d'écrivains dont Borges est le maître) plongent le lecteur dans un état de malaise fulgurant qui le convainc d'autant mieux qu'elles sont écrites dans un style précis et conduites avec une logique de la psychologie, une inquiétude de l'événement tout à fait irréfutables. Impossible de sortir indemne d'une telle œuvre : c'est elle qui tient la direction dans les jeux de la peur, de l'humour ou de la mort et qui finit par vous assujettir à ses métamorphoses.