Façons de perdre - Julio Cortázar
Julio Cortázar
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Façons de perdre

Alguien que anda por ahí
Première parution en 1978
Trad. de l'espagnol (Argentine) par Laure Guille-Bataillon
Collection L'Imaginaire (no652)
Gallimard
Parution
«Il n'y avait personne dans le couloir et, à le parcourir, elle eut la même hâte que les autres, le même soupir de soulagement, la même envie d'atteindre la rue et de laisser tout ça derrière elle. Maria-Elena ouvrit la porte du palier et, en descendant l'escalier, elle pensa de nouveau à Carlos, c'était bizarre tout de même que Carlos ne soit pas sorti comme les autres. C'était d'autant plus bizarre que le bureau n'avait qu'une seule porte. Sûrement, elle n'avait pas dû bien regarder parce que ce n'était pas possible, l'employé avait ouvert la porte pour la faire entrer et Carlos alors ne l'avait pas croisée, il n'était pas sorti comme tous les autres, l'homme à cheveux roux, les deux dames, tous les autres, sauf Carlos.
Le soleil se brisait contre le trottoir, c'était le bruit et l'air de la rue. Elle regarda la porte de l'immeuble, se dit qu'elle allait attendre un peu pour voir sortir Carlos. C'était impossible qu'il ne sorte pas, ils étaient tous sortis une fois finies les formalités. Pourtant, ça paraissait si bizarre de ne pas l'avoir vu dans le bureau, il y avait peut-être une porte cachée par les affiches, quelque chose qui lui avait échappé, mais de toute façon c'était bizarre, parce que tout le monde était sorti par le couloir comme elle, tous ceux qui venaient pour la première fois étaient sortis par le couloir.»