Le Roman des forêts

suivi de Le Pays de la Mestchiora
Trad. du russe par Lydia Delt et Michèle Deniaud
Collection Littératures soviétiques (no48)
Gallimard
Parution
Ce livre met en lumière ce qui fait la particularité de l'œuvre de C. Paoustovski. L'écrivain prend pour thème des faits authentiques, des personnages réels, puis, selon son propre aveu (dans Kara-Bougaz), il les entoure d'un léger rayonnement de l'imagination, comme pour mieux dévoiler le caractère du personnage ou des événements.
Le roman des forêts est écrit selon cette méthode, et surtout en ce qui concerne Tchaïkovski. Des matériaux tirés de la biographie véritable du grand compositeur y prennent place. Mais le but de l'écrivain y est de rendre sensible, dans toute sa vigueur, au lecteur, l'attitude du musicien devant les forêts, considérées ici comme le laboratoire de sa création, comme des phénomènes de la nature qui apprennent à l'homme à comprendre la beauté, ainsi que l'affirme Tchékhov.
C'est aux forêts de la Mestchiora (et à celles de Briansk où s'est écoulée une partie de son adolescence) que Paoustovski doit, comme il l'avoue, le sens poétique de toutes les forêts de la Russie. II a plus d'une fois appelé «seconde patrie» le pays de la Mestchiora (immense dépression forestière s'étendant entre Riazan et Vladimir). Il y a vécu plus de vingt ans, avec de brèves interruptions. Ce fut là une des plus fertiles périodes de son œuvre. Selon lui, pour la première fois, il y prit étroitement conscience de la vie du peuple, et des sources de la langue nationale russe dans sa pureté.
Le rôle de la Mestchiora dans les écrits de Paoustovski est d'une extrême importance. Le pays de la Mestchiora n'est pas seul à le prouver : bon nombre de ses nouvelles, récits et contes sont dédiés à cette parcelle de Russie. Il suffit seulement d'en citer quelques-uns pour comprendre la puissante influence de cette modeste région sur la formation de la conscience de Paoustovski en tant qu'écrivain, sur son style, sur l'ordre de ses images, la poétique de son œuvre. À la Mestchiora sont dus des récits tels que La barque vermoulue, Le verrier, Les hôtes de la vieille maison, Une nuit d'octobre, Le télégramme, Poste forestier 273, Au cœur de la Russie, Le trésor enterré, La bague d'acier, la suite de récits intitulée Jours d'été, bien d'autres encore.