Le frère cadet

Trad. de l'allemand par André Cœuroy
Collection Du monde entier
Gallimard
Parution
N'appartient plus au catalogue de l'éditeur depuis 
1991
L'ingénieur Stéphane Schneider, originaire de Hambourg, rentre du Brésil où il a passé dix ans. Lorsqu' il revient dans son pays natal, il retrouve une ville encore dévastée par la guerre, mais où la vie a recommencé comme si rien ne s'y était passé. Pendant l'absence de Stéphane sa femme est morte, et il cherche à élucider les circonstances de cette disparition. Il apprend qu'elle a eu l'occasion de fréquenter un jeune homme, connu sous le nom de Carlos Heller et doué du pouvoir d'exercer une étrange influence sur toutes les personnes avec qui il entrait en relation. Stéphane cherche à retrouver la trace de ce Carlos qu'il considère désormais comme son «frère cadet».
Cette recherche le conduit en même temps à découvrir dans l'univers allemand qui était le sien – l'Allemagne de l'Ouest –, puis dans l'univers désormais soumis à l'influence russe – l'Allemagne de l'Est – un monde nouveau. Révélation bouleversante, car il apprend à y connaître des hommes qui parlent non seulement son propre langage, mais, comme il le dit sans pouvoir l'expliquer clairement, «l'autre langage». C'est pour mieux se représenter et, dans la mesure du possible, s'expliquer cette découverte que Stéphane Schneider décide de décrire le processus et les résultats de sa recherche. Son émouvante description, où sa femme apparaît peu à peu comme la victime d'un crime éventuel, s'élargit en une vaste fresque jusqu'à la critique du monde contemporain, car, comme dit le héros du livre avant de mourir : «Qui raconte témoigne, qu'il le veuille ou non».
Le vivant réalisme d'une telle description se hausse jusqu'au conte fantastique, selon le mode surréaliste, si fortement personnel de Hans Erich Nossack qui s'affirme une nouvelle fois, après Spirale et La Dérive, comme l'un des plus puissants et plus subtils créateurs de l'Allemagne littéraire contemporaine.