L'ère de Trujillo

. Anatomie d'une dictature latino-américaine
Trad. de l'espagnol par M. Grignon-Dumoulin. Préface de Claude Julien
Gallimard
Parution
Les républiques du monde caraïbe ont dû subir, au cours du dernier demi-siècle, la volonté capricieuse d'une pittoresque collection de dictateurs, de Somoza à Batista en passant par Jorge Ubicuo au Guatemala et Tiburcio Carias au Honduras. Pourtant nul d'entre eux n'a marqué son pays d'une empreinte aussi forte que Trujillo, maître absolu de Saint-Domingue depuis trente et un ans lorsque son règne s'acheva tragiquement en mai 1961. Une nuit, sur cette même route où nombre de ses ennemis avaient été emmenés pour être jetés aux requins, un petit groupe de conjurés guettaient le Benefactor : au petit matin, son corps, haché de balles, était retrouvé dans le coffre arrière d'une voiture à quelques kilomètres de l'attentat.
Jesús de Galindez dresse sans passion apparente le bilan de ces trente années de dictature. En utilisant les documents publiés dans la presse dominicaine, il ne nous épargne rien, et on croit rêver parfois lorsqu'il brosse le portrait du Caligula des Tropiques : crimes, disparitions, massacres, liquidation progressive de tous ceux qui peuvent porter ombrage au «Benefactor de la Patria», énumération comique des honneurs qu'il s'attribue et attribue à sa famille : ainsi Trujillo n'hésite-t-il pas à nommer son fils colonel d'aviation à l'âge de cinq ans «en raison de ses mérites».
Ce livre objectif et documenté se lit comme un roman d'aventures.