Cuba : le Livre des Douze
Trad. de l'espagnol (Cuba) par Jean-Francis Reille
Collection Hors série Connaissance
Gallimard
Parution
«Ils étaient quatre-vingts, qui venaient du Mexique, entassés sur un vieux rafiot. La mer était grosse, ils avaient mis près d'une semaine à traverser le golfe ; quand ils prirent pied sur la côte, le 2 décembre 1956, non loin de Cabo Cruz, ils avaient pensé rendre l'âme ; beaucoup se traînaient à peine, épuisés par les vomissements.
Les soldats et les policiers les attendaient : quelques jeunes devaient soulever la ville pour appuyer le débarquement, mais la tempête avait retardé le bateau, l'émeute avait éclaté au jour dit et les jeunes insurgés, seuls et sans secours, s'étaient fait massacrer.
À présent les forces de l'ordre étaient en alerte : signalée, traquée, la petite troupe se divisa en commandos. Un seul objectif : la montagne. On s'y retrouverait. Beaucoup manquèrent au rendez-vous : quelques-uns avaient été cernés, tués ou faits prisonniers ; d'autres s'étaient égarés ; un groupe remonta jusqu'à la capitale pour y mettre en place un réseau clandestin.
Une poignée d'hommes atteignit les sommets de la sierra Maestra, la plus haute chaîne de l'île ; ils se cachèrent dans les manchons de nuages qui entourent en permanence les cimes», écrivait Jean-Paul Sartre en 1960, à son retour de Cuba, où il avait été l'invité de Carlos Franqui alors directeur du journal Revolución. C'est cette épopée, la lutte des douze qui survécurent à la défaite de l'Alegria dei Pio, qui nous est racontée ici par cinq d'entre eux, les récits ayant été enregistrés sur bandes magnétiques par Carlos Franqui, au cours de conversations. Ces récits sont complétés par ceux de trois femmes et de quatre hommes, eux aussi combattants de la lutte insurrectionnelle dirigée par Fidel Castro.
L'essentiel de la Révolution Cubaine est évoquée par ces douze témoins de choix, depuis les premières manifestations postérieures au coup d'État de Batista du 10 mars 1952 jusqu'au 1ᵉʳ janvier 1959, qui a marqué, après la fuite du dictateur, la fin de la guerre. Et à travers ces récits directs et impitoyables, nous voyons se profiler l'image du peuple cubain dans sa lutte courageuse pour sa liberté, pour sa dignité et son indépendance, avec ses faiblesses, ses grandeurs, ses défaillances, sa force.
Les soldats et les policiers les attendaient : quelques jeunes devaient soulever la ville pour appuyer le débarquement, mais la tempête avait retardé le bateau, l'émeute avait éclaté au jour dit et les jeunes insurgés, seuls et sans secours, s'étaient fait massacrer.
À présent les forces de l'ordre étaient en alerte : signalée, traquée, la petite troupe se divisa en commandos. Un seul objectif : la montagne. On s'y retrouverait. Beaucoup manquèrent au rendez-vous : quelques-uns avaient été cernés, tués ou faits prisonniers ; d'autres s'étaient égarés ; un groupe remonta jusqu'à la capitale pour y mettre en place un réseau clandestin.
Une poignée d'hommes atteignit les sommets de la sierra Maestra, la plus haute chaîne de l'île ; ils se cachèrent dans les manchons de nuages qui entourent en permanence les cimes», écrivait Jean-Paul Sartre en 1960, à son retour de Cuba, où il avait été l'invité de Carlos Franqui alors directeur du journal Revolución. C'est cette épopée, la lutte des douze qui survécurent à la défaite de l'Alegria dei Pio, qui nous est racontée ici par cinq d'entre eux, les récits ayant été enregistrés sur bandes magnétiques par Carlos Franqui, au cours de conversations. Ces récits sont complétés par ceux de trois femmes et de quatre hommes, eux aussi combattants de la lutte insurrectionnelle dirigée par Fidel Castro.
L'essentiel de la Révolution Cubaine est évoquée par ces douze témoins de choix, depuis les premières manifestations postérieures au coup d'État de Batista du 10 mars 1952 jusqu'au 1ᵉʳ janvier 1959, qui a marqué, après la fuite du dictateur, la fin de la guerre. Et à travers ces récits directs et impitoyables, nous voyons se profiler l'image du peuple cubain dans sa lutte courageuse pour sa liberté, pour sa dignité et son indépendance, avec ses faiblesses, ses grandeurs, ses défaillances, sa force.