Journaliers
XXIII
Souffrir et être méprisé
(Juillet 1968 - Juillet 1969)
Collection Blanche
Gallimard
Parution
Pendant la période qui va de juillet 1968 à juillet 1969, le mémorialiste, âgé maintenant de quatre-vingts ans, continue à noter avec le scrupule et l'élégance qu'on sait les faits saillants ou secrets de sa vie. Outre la maison et le parc de Rueil, ses rapports avec la terrible Élise, les domestiques, de nombreux visiteurs, il y a l'évocation de la mort de son ami Jean Paulhan, l'enterrement de son beau-frère à Guéret sa ville natale, des souvenirs sur Marie Laurencin et René Crevel. Et la sérénité croissante, à la fois physique et morale, d'un croyant qui se rapproche sans effroi de sa propre fin donne au volume un ton particulièrement bouleversant. Mais l'extraordinaire musique de telles confidences tient tout entière à l'intimité du vieil écrivain et de Marc, son petit-fils adoptif, qui vient d'atteindre ses six ans. L'enfant, génialement doué pour le langage, est toujours présent, grandiose, espiègle, insolent, rieur, cruel, adorant, extra-lucide, devenant pour son grand-père le contrepoint fantasque et lumineux d'un personnage de la comédie shakespearienne.