Rose Colonna
Collection Blanche
Gallimard
Parution
Par la multiplicité et la progression dramatique des péripéties, la rapidité d'un récit qui emporte d'un même mouvement l'action et le monologue intérieur, par le coloris poétique et parfois le lyrisme direct de certains épisodes, par le sens continu du concret et plus encore par
la qualité d'âme de ses héros, Rose Colonna marque d'une façon très nette, en opposition avec le realisme aussi bien qu'avec le psychologisme à la mode, un retour, sinon au roman romanesque, du moins à ce «roman-roman» dont la littérature anglaise nous offre tant de modèles et qui ose choisir ses sujets en dehors de la médiocrité ou de la banalité quotidiennes.
Les êtres que peint Marie-Anne Comnène, saisis en pleine crise, en plein tourment, peuvent témoigner de toutes les faiblesses, de toutes les lâchetés ou même de tous les vices, aucun ne se montre veule, ni passif. Le drame naît de leur impuissance à remplir ou à vaincre leur destinée, non pas d'un refus de s'y essayer. Qu'ils s'abandonnent à leurs instincts comme Cabanès ; qu'ils les dominent et se sacrifient, comme l'abbé Gentile ou qu'ils finissent par abdiquer, comme Olivier ou Pierre Marinier, ce n'est jamais sans une lutte où le corps et l'âme, le sentiment et la volonté s'affrontent à fond.
Mais c'est la figure de Rose qui donne à l'ouvrage tout son sens et sa portée. Dès la première ligne, elle vient à la rencontre du lecteur, au galop de son cheval Biancone, dans toute l'ardeur et la pureté de ses dix-huit ans et elle ne quitte plus le premier plan. Nous l'accompagnons jùsqu'à sa mort dans toutes les épreuves que la fatalité oppose à sa volonté de vivre et d'aimer. Le seul amour qui serait égal à son rêve est impossible : c'est celui que lui voue en secret l'abbé Gentile. Ni son cousin Olivier auquel elle offre en vain son cœur de jeune fille, ni Cabanès qui s'empare d'elle par surprise ne pourrait combler son avidité d'absolu. Un temps, la maternité comblera cette âme, mais la mort lui prendra son enfant. La dernière bataille que Rose livrera et qu'elle perdra contre un homme digne d'elle, mais qui n'a pas le courage de tout sacrifier à son grand amour, la brisera et la tuera.
Ce qui rend plus cruelle encore cette destinèe, c'est que Rose est vraiment faite pour la vie, et que la force de l'amour en elle correspond à sa vitalité, à la force de son sang. Au milieu de ses pires souffrances, elle ne cesse de témoigner sa joie de vivre, de goûter les moindres sensations, de faire rayonner autour d'elle du bonheur pour autrui. Ce mélange de sensualité et d'âme, c'est sans doute ce qui caractérise le mieux Rose Colonna.
La première partie du roman se déroule au soleil, dans un village corse, entre la montagne et la mer, la deuxième à Orléans, à Paris et en Provence, dans un foisonnement de personnages épisodiques, tantôt émouvants ou charmants comme le vieux docteur Camilli, la tante Cécile, Violette, tantôt traités dans une note très particulière d'humour, comme Jeannette Figarol, la directrice de l'institution Corcellet et Mme Bistoureau, ou encore Magdala Marinier.
Si le vrai romancier se définit d'abord par l'aptitude à sortir de soi pour évoquer les milieux les plus différents et les personnages les plus disparates, tout en conservant une unité d'interprétation, la diversité de Rose Colonna mérite sans doute qu'on accorde ce titre à son auteur.
Les êtres que peint Marie-Anne Comnène, saisis en pleine crise, en plein tourment, peuvent témoigner de toutes les faiblesses, de toutes les lâchetés ou même de tous les vices, aucun ne se montre veule, ni passif. Le drame naît de leur impuissance à remplir ou à vaincre leur destinée, non pas d'un refus de s'y essayer. Qu'ils s'abandonnent à leurs instincts comme Cabanès ; qu'ils les dominent et se sacrifient, comme l'abbé Gentile ou qu'ils finissent par abdiquer, comme Olivier ou Pierre Marinier, ce n'est jamais sans une lutte où le corps et l'âme, le sentiment et la volonté s'affrontent à fond.
Mais c'est la figure de Rose qui donne à l'ouvrage tout son sens et sa portée. Dès la première ligne, elle vient à la rencontre du lecteur, au galop de son cheval Biancone, dans toute l'ardeur et la pureté de ses dix-huit ans et elle ne quitte plus le premier plan. Nous l'accompagnons jùsqu'à sa mort dans toutes les épreuves que la fatalité oppose à sa volonté de vivre et d'aimer. Le seul amour qui serait égal à son rêve est impossible : c'est celui que lui voue en secret l'abbé Gentile. Ni son cousin Olivier auquel elle offre en vain son cœur de jeune fille, ni Cabanès qui s'empare d'elle par surprise ne pourrait combler son avidité d'absolu. Un temps, la maternité comblera cette âme, mais la mort lui prendra son enfant. La dernière bataille que Rose livrera et qu'elle perdra contre un homme digne d'elle, mais qui n'a pas le courage de tout sacrifier à son grand amour, la brisera et la tuera.
Ce qui rend plus cruelle encore cette destinèe, c'est que Rose est vraiment faite pour la vie, et que la force de l'amour en elle correspond à sa vitalité, à la force de son sang. Au milieu de ses pires souffrances, elle ne cesse de témoigner sa joie de vivre, de goûter les moindres sensations, de faire rayonner autour d'elle du bonheur pour autrui. Ce mélange de sensualité et d'âme, c'est sans doute ce qui caractérise le mieux Rose Colonna.
La première partie du roman se déroule au soleil, dans un village corse, entre la montagne et la mer, la deuxième à Orléans, à Paris et en Provence, dans un foisonnement de personnages épisodiques, tantôt émouvants ou charmants comme le vieux docteur Camilli, la tante Cécile, Violette, tantôt traités dans une note très particulière d'humour, comme Jeannette Figarol, la directrice de l'institution Corcellet et Mme Bistoureau, ou encore Magdala Marinier.
Si le vrai romancier se définit d'abord par l'aptitude à sortir de soi pour évoquer les milieux les plus différents et les personnages les plus disparates, tout en conservant une unité d'interprétation, la diversité de Rose Colonna mérite sans doute qu'on accorde ce titre à son auteur.