Quand on fusillait les innocents

Préface de René Naegelen
Gallimard
Parution
On a écrit bien des livres sur la guerre. Certains sont des chefs-d'œuvre par leur valeur littéraire et la poignante émotion qui s'en dégage. Mais les pages les plus déchirantes des œuvres les plus justement cèlèbres n'atteignent pas au pathétique de ce témoignage volontairement dépouillé, écrit, selon l'expression de l'auteur «sans autre souci que la vérité, sans autre passion que la justice».
Henry Andraud, ancien combattant de l'infanterie, a réuni depuis 1919 une documentation considérable sur certains dessous de la guerre et particulièrement sur les trop nombreuses exécutions ordonnées par les Cours martiales et les Conseils de guerre. Il fut des tous premiers avec le regretté R. G. Réau, à dénoncer les sanglantes erreurs de cette juridiction d'exception et à demander la réhabilitation des innocents passés par les armes. Il n'apporte, dans son ouvrage, que des faits contrôlés et indiscutables. Il ne s'appuie que sur des témoignages. Il ne rapporte les récits que de ceux qui ont vu. C'est pour cela sans doute que les scènes terribles qu'il nous fait revivre ont tant de relief et tant de vérité. C'est parce qu'elles ont été ensuite corroborées par des jugements que les affirmations de l'auteur, défendant la mémoire de ses camarades, nous frappent à ce point.