Lettres à une dame d'Amérique, Mina Curtiss
(1951-1973)
Édition de Mireille Sacotte
Série Saint-John Perse (no16)
Gallimard
Parution
L’intérêt particulier de cette correspondance est de nous ouvrir la porte sur la dernière partie de la vie et de l’œuvre du poète, celle du retour si longtemps différé en France, de son installation aux Vigneaux dans la presqu’île de Giens, mais aussi de son mariage, du prix Nobel et, parallèlement, de Chronique, Chanté par celle qui fut là, Chant pour un équinoxe, Nocturne et Sécheresse.
Ces lettres, de 1951 à 1973, nous apportent comme toujours leur brassée d’informations biographiques et psychologiques, mais la chance a voulu que la destinataire, Mina Curtiss, ne soit pas seulement une riche mécène. À travers son portrait en creux, nous nous attachons à cette femme musicologue, écrivain, voyageuse, collectionneuse de manuscrits et de tableaux, d’une patience et d’une générosité sans faille à l’égard d’un Leger séducteur et avare de lui-même. Grâce à elle, la statue s’humanise, une relation s’invente sous nos yeux et s’organise autour de tout un monde partagé, réseau amical, lieux familiers, complicité au sujet d’une grille de fer forgé, de chats ou d’un opéra de Mozart. Pour elle qui a su l’entraîner vers des films d’épouvante ou des westerns à New York, Leger devient parfois affectueux, touchant, dans son retour vers l’enfance antillaise, ou drôle.
Mais il a semblé bon aussi de faire lire ces lettres en regard de celles adressées dans la «Pléiade» à Mrs Henry Tomlison Curtiss, pour, à travers quelques exemples, tenter de comprendre les enjeux et la portée de cette entreprise de réécriture, elle aussi réalisée aux Vigneaux.