Le Cahier bleu

suivi de Les Ennemis
Trad. du russe par René L'Hermitte
Collection Littératures soviétiques (no12)
Gallimard
Parution
Emmanuel Kazakiévitch est né en 1913 à Krémantchoug-sur-Ie-Dniepr. Poète dès l'enfance, élevé à Kharkov d'où il sortit de l'École Technique pour la construction des machines, il s'en allait, en 1931 en Birobidjan, dans la République juive autonome de l'Extrême-Orient, où il fut tour à tour le dirigeant d'un chantier important de constructions, président de kolkhoz, fondateur et directeur du Théâtre Dramatique d'État, organisateur de la radio birobidjane. Il écrivait alors en yiddish. En 1941, volontaire sur le front, d'abord simple éclaireur, puis chef de section, commandant de compagnie, chef des éclaireurs d'une division et, à la fin de la guerre, membre du département des éclaireurs à l'état-major de l'armée. Blessé trois fois. Après la troisième blessure, quand il est nommé collaborateur littéraire du journal de la brigade, il se débrouille pour retourner au métier d'éclaireur.
C'est de ce métier que devait naître L'Étoile, qui n'avait que 160 pages, mais qui fit la réputation de son auteur. Puis ce fut Le Printemps sur l'Oder, La Maison sur la place, À deux dans la steppe, Cœur d'ami : mais ces deux derniers romans devaient être l'objet de vives critiques au temps dit «du culte de la personnalité». Aujourd'hui on en écrit qu'ils sont passés dans le fonds d'or de la littérature soviétique russe... Dans la dernière période de sa vie, Kazakiévitch s'adonna à l'art difficile de la nouvelle. Les deux nouvelles que contient ce livre tranchent, à la fois par la concision et l'audace politique, sur les livres des jours staliniens. Pour la première fois, à côté de Lénine, dans Le Cahier bleu, un Zinoviev apparaît comme un homme vivant dans la littérature soviétique, et non pas simplement comme un nom maudit. La seconde nouvelle étudie les rapports complexes de Lénine avee le menchevik Martov : révélant le rôle joué par Vladimir Ilyitch pour faire sortir du pays cet adversaire, le mettant ainsi à l'abri, pour ses vieux jours, elle donne de Lénine une image très différente de celle qu'on peut s'en faire par l'iconographie.
Kazakiévitch est mort en 1962 à fâge de quarante-neuf ans. Les critiques ont cessé. Il occupe aujourd'hui une des premières places dans l'histoire de la littérature soviétique, dans son pays comme partout ailleurs.