La vie d'Alexandre le Grand
Trad. de l'anglais (États-Unis) par Yvon Lapaquellerie
Gallimard
Parution
Au cours d'une brève existence de trente-trois ans, Alexandre le Grand chevaucha à bride abattue à travers le monde antique, et la terre porte encore ses empreintes.
Élevé par Aristote, en prince destiné à gouverner un peuple qui croupissait dans la barbarie entre les deux pôles de sa tentation : la subtile Athènes et la Perse voluptueuse, Alexandre ne put supporter la médiocrité du trône macédonien. Sa vie ne fut qu'une campagne triomphale à travers l'Asie Mineure, la Judée, l'Égypte, l'Inde. Il écrase Thèbes, traverse la mer, les fleuves, les montagnes, force Babylone, assassine, incendie, supplicie, ou bien il épargne son ennemi, l'honore, passe de la rigueur à la clémence – et réciproquement – détruit ou organise avec la même science.
La construction hâtive de son empire demanda beaucoup de sang, et, malgré les hécatombes, il ne put bâtir que dans les nuages. Le sang appelle le sang : ses successeurs recommencèrent le carnage pour se partager ses dépouilles et réduire son œuvre à néant.
Konrad Bercovici nous restitue Alexandre avec ses grandeurs et ses petitesses, son esprit tourmenté où bouillonnaient la sagesse, la noblesse, pêle-mêle avec une brutalité, des passions contradictoires, qui frisaient la folie.
Le corps vigoureux qui recélait cette âme changeante n'était point, non plus, à l'abri des misères humaines. Des crises d'hystérie le terrassaient et ravageaient le visage dionysiaque de celui qui se fit adorer comme fils de Jupiter. Mais la chance joue insolemment son rôle dans la carrière d'Alexandre. Les pires coups d'audace tournèrent toujours en faveur de ce téméraire. Il ne connut pas la défaite et mourut dans son lit, après avoir connu le grouillement des peuples et des camps, des civilisations et des dieux, après avoir imposé un ordre nouveau à la moitié de la terre, après avoir vidé la coupe de toutes les amours et de toutes les voluptés. Peu d'hommes consumèrent leur existence avec une pareille intensité. PIus rares encore ceux qui réussirent à pétrir ainsi l'humanité.
Des piaffements de Bucéphale, des routes tracées à travers le monde, des soixante-dix Alexandries que reste-t-il? Une ville d'Égypte, quelques éclats de marbre, des souvenirs vivaces dans la mémoire des hommes, des anecdotes comme celle du nœud gordien, et le mot de Diogène : «Ôte-toi de mon soleil».
Élevé par Aristote, en prince destiné à gouverner un peuple qui croupissait dans la barbarie entre les deux pôles de sa tentation : la subtile Athènes et la Perse voluptueuse, Alexandre ne put supporter la médiocrité du trône macédonien. Sa vie ne fut qu'une campagne triomphale à travers l'Asie Mineure, la Judée, l'Égypte, l'Inde. Il écrase Thèbes, traverse la mer, les fleuves, les montagnes, force Babylone, assassine, incendie, supplicie, ou bien il épargne son ennemi, l'honore, passe de la rigueur à la clémence – et réciproquement – détruit ou organise avec la même science.
La construction hâtive de son empire demanda beaucoup de sang, et, malgré les hécatombes, il ne put bâtir que dans les nuages. Le sang appelle le sang : ses successeurs recommencèrent le carnage pour se partager ses dépouilles et réduire son œuvre à néant.
Konrad Bercovici nous restitue Alexandre avec ses grandeurs et ses petitesses, son esprit tourmenté où bouillonnaient la sagesse, la noblesse, pêle-mêle avec une brutalité, des passions contradictoires, qui frisaient la folie.
Le corps vigoureux qui recélait cette âme changeante n'était point, non plus, à l'abri des misères humaines. Des crises d'hystérie le terrassaient et ravageaient le visage dionysiaque de celui qui se fit adorer comme fils de Jupiter. Mais la chance joue insolemment son rôle dans la carrière d'Alexandre. Les pires coups d'audace tournèrent toujours en faveur de ce téméraire. Il ne connut pas la défaite et mourut dans son lit, après avoir connu le grouillement des peuples et des camps, des civilisations et des dieux, après avoir imposé un ordre nouveau à la moitié de la terre, après avoir vidé la coupe de toutes les amours et de toutes les voluptés. Peu d'hommes consumèrent leur existence avec une pareille intensité. PIus rares encore ceux qui réussirent à pétrir ainsi l'humanité.
Des piaffements de Bucéphale, des routes tracées à travers le monde, des soixante-dix Alexandries que reste-t-il? Une ville d'Égypte, quelques éclats de marbre, des souvenirs vivaces dans la mémoire des hommes, des anecdotes comme celle du nœud gordien, et le mot de Diogène : «Ôte-toi de mon soleil».