L'homme et la forêt
Nouvelle édition revue et augmentée avec la collaboration de Jean-Pierre Deffontaines en 1969
Gallimard
Parution
Qui d'entre nous n'a subi l'attraction des forêts! Elles représentent les coins de la Terre où la Nature est la plus exubérante et féconde, paysage sauvage nous semble-t-il, sans culture, sans domestication presque sans appropriation et sans utilisation. Il serait faux cependant de ranger la forêt dans les paysages hostiles de l'homme, dont le seul office serait de disparaître devant les progressives conquêtes des humains sur les éléments physiques. Sans doute la lutte contre les arbres est un des plus grands travaux effectués par l'espèce humaine. La terre sans les hommes aurait un tout autre vêtement végétal et la somptueuse fourrure forestière couvrirait plus de la moitié des continents alors qu'elle en occupe à peine le quart aujourd'hui. Pour de nombreux peuples, la hache a été l'arme principale et l'emblème de leur prospérité parce qu'elle leur a permis de tuer l'arbre. Le premier service que le paysage forestier a rendu a été de céder sa place aux
cultures. Mais la forêt a pénétré d'une façon beaucoup plus directe et intime toute l'économie humaine ; sans l'arbre, la vie serait bien près d'être impossible à la surface de notre globe. Ce sont des services qui nous paraissent aujourd'hui insignifiants et secondaires que la forêt a d'abord rendus. Elle a été durant longtemps la principale zone des cueillettes, c'est-à-dire des productions sans préparations du sol, sans date de récoltes : innombrables cueillettes végétales de fruits, fleurs, fibres, résines, feuilles, sucs, sèves qui ont joué un rôle primordial en de nombreuses civilisations. Il est des races qui sont intimement associées à tels ou tels arbres. Mais la forêt a fourni ensuite des utilités majeures : les luttes contre le froid, contre l'obscurité ont été menées grâce au feu que le bois a eu longtemps le privilège unique de fournir.
Le bois avait en outre l'étonnant avantage d'être un corps solide et cependant plus léger que l'eau. C'est grâce à lui seulement que les hommes purent entreprendre la conquête de ce milieu qui leur était originellement interdit, le monde des eaux. La forêt s'est faite l'alliée de l'homme contre l'eau. Elle a donné longtemps aussi les meilleurs des matériaux de construction, les poutres et les planches ; habitation, mobilier, matériel vinaire, voiture... reposent essentiellement sur elle.
De nos jours, il est vrai, la forêt semble se libérer de toutes ces servitudes innombrables auxquelles les hommes l'avaient soumise au point qu'elle en succombait presque ; les servitudes du combustible, de la marine, de la construction, sont de plus en plus reportées sur le monde minéral ; houille, acier, béton limitent l'horizon du bois. Cependant jamais l'homme n'a eu tant besoin de forêts ; de nouvelles utilités sont venues relayer les anciennes ; l'industrie papetière, une partie des industries des textiles et chimique, bientôt peut-être l'industrie des carburants se rattachent à elle.
Après avoir été le grand destructeur des arbres, voici que l'homme devient de plus en plus un protecteur, un propagateur des boisements et c'est certainement un des faits les plus importants de l'histoire des paysages de la terre. La politique forestière de l'homme a singulièrement varié dans le temps et aussi dans l'espace. Ce livre relate ses différents aspects autant par son texte que par les très belles et suggestives photographies qui l'accompagnent en un cahier rétrospectif.
Le bois avait en outre l'étonnant avantage d'être un corps solide et cependant plus léger que l'eau. C'est grâce à lui seulement que les hommes purent entreprendre la conquête de ce milieu qui leur était originellement interdit, le monde des eaux. La forêt s'est faite l'alliée de l'homme contre l'eau. Elle a donné longtemps aussi les meilleurs des matériaux de construction, les poutres et les planches ; habitation, mobilier, matériel vinaire, voiture... reposent essentiellement sur elle.
De nos jours, il est vrai, la forêt semble se libérer de toutes ces servitudes innombrables auxquelles les hommes l'avaient soumise au point qu'elle en succombait presque ; les servitudes du combustible, de la marine, de la construction, sont de plus en plus reportées sur le monde minéral ; houille, acier, béton limitent l'horizon du bois. Cependant jamais l'homme n'a eu tant besoin de forêts ; de nouvelles utilités sont venues relayer les anciennes ; l'industrie papetière, une partie des industries des textiles et chimique, bientôt peut-être l'industrie des carburants se rattachent à elle.
Après avoir été le grand destructeur des arbres, voici que l'homme devient de plus en plus un protecteur, un propagateur des boisements et c'est certainement un des faits les plus importants de l'histoire des paysages de la terre. La politique forestière de l'homme a singulièrement varié dans le temps et aussi dans l'espace. Ce livre relate ses différents aspects autant par son texte que par les très belles et suggestives photographies qui l'accompagnent en un cahier rétrospectif.