L'ardeur

L'ardore
Trad. de l'italien par Jean-Paul Manganaro
Collection Du monde entier
Gallimard
Parution
Quelque chose d'immensément loin de notre présent est apparu il y a plus de trois mille ans dans l'Inde du Nord : le Veda, un «savoir» qui englobait tout en lui, depuis les grains de sable jusqu'aux confins de l'univers. Cette distance transparaît dans la manière de vivre chaque geste, chaque parole, chaque entreprise. Les hommes védiques accordaient une attention adamantine à l'esprit qui les soutenait et qui ne pouvait être disjoint de l'«ardeur» à partir de laquelle, pensaient-ils, le monde s'était développé. L'instant prenait sens dans sa relation avec un invisible qui débordait de présences divines. Ce fut une expérimentation de la pensée si extrême qu'elle aurait pu disparaître sans laisser aucune trace de son passage sur la «terre où erre en liberté l'antilope noire» (c'est ainsi que l'on définissait le lieu de la loi). Et pourtant cette pensée – un enchevêtrement d'hymnes énigmatiques, d'actes rituels, d'histoires de dieux et de fulgurations métaphysiques – a l'indubitable capacité d'éclairer d'une lumière rasante, distincte de toute autre, les événements élémentaires qui appartiennent à l'expérience de tout un chacun, aujourd'hui et partout, à commencer par le simple fait d'être conscient. Elle entre ainsi en collision avec nombre de ce que l'on considère désormais comme des certitudes acquises. Ce livre raconte comment, à travers les «cent chemins» auxquels fait allusion le titre d'une œuvre démesurée et capitale du Veda, le Satapatha Brāhmaṇa, on peut retrouver ce qui sous nos yeux en passant par ce qui est le plus loin de nous.
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