Échec au roi
. Tableaux de la fin d'Henri IV
Collection Blanche
Gallimard
Parution
Voltaire, dans son Idée de la Henriade, et Vigny, dans la préface de Cinq-Mars, ont assez parlé de la Vérité dans l’Art pour qu’il soit besoin d’y revenir. La préface de Vigny n’est, à tout prendre, qu’une amplification confuse de Voltaire. On y trouve cependant leur pensée commune ramassée dans ce tronçon de phrase : la Vérité de cet Homme et de ce Temps…» Cela revient à dire: connaître d’abord le vrai de chaque siècle, être imbu de son ensemble et de ses détails, «pauvre mérite d’attention, de patience et de mémoire : mais ensuite choisir et grouper autour d’un centre inventé». C’est là, ajoute Vigny, l’œuvre de l’imagination et du bon sens…
L’auteur d’Échec au Roi! semble s’être bien pénétré de ces deux préfaces. Vrais dans leur ensemble, la plupart de ses chapitres sont pourtant inventés. On ne pourrait, toutefois, y trouver un détail contraire à la vérité historique, ou qui fausserait un caractère, ou qui n’appartiendrait pas au temps où l’action se déroule. Sans prendre des Iibertés poétiques comme Voltaire, qui fit aller le Roi au pays d’Elisabeth, l’auteur a, par exemple, donné Marie de Balzac pour maîtresse à Bassompierre, au temps de la guerre de Savoie où elle ne l’était pas encore : il n’a faussé la chronologie que pour se plier, comme dit Voltaire, «aux règles du théâtre» où l’action doit être rapide et concentrée. L’auteur use d’un autre procédé propre à la tragédie : celui de simplifier l’action, de réduire le nombre considérable des personnages réels, afin de ne pas égarer le lecteur, et de ne mettre en avant que des protagonistes forts et grands dans le mal comme dans le bien, non des demi-caractères ou des fantômes d’hommes.
La documentation historique de ce roman fut aussi poussée qu’elle peut l’être, au moyen des éléments relativement incomplets, malgré leur nombre, que nous possédons, mémoires, correspondances, pamphlets, procès, toutes choses tant imprimées que manuscrites, sans parler de quelques documents inédits et personnels. Aussi Fernand Fleuret tient-il à honneur de s’être rencontré avec Michelet dans ses conclusions, fondées sur la vérité la plus logique, partant la plus rigoureuse. Parfois, pour être en même temps vrai dans l’Art et vrai selon l’Histoire, il a dialogué des pages de Sully, par exemple, ou mis en action des récits de Pierre Mathieu ou du Maréchal de Castelneau, leur empruntant jusqu’à des expressions, voire des lambeaux de phrases.
Enfin, s’il a dû souvent instruire son lecteur pour l’entente ou la préparation des événements, il n’a pas moins songé à l’amuser comme au beau temps des romans de cape et d’épée. Quant à Henri IV, il l’a peint en prince génial et magnanime, sans daigner faire état de l’interprétation de comédie et d’opéra que fabriqua le XVIIIᵉ siècle, et qui nous donna le Vert-Galant, parodie mesquine et dérisoire du plus grand des rois et des capitaines.
L’auteur d’Échec au Roi! semble s’être bien pénétré de ces deux préfaces. Vrais dans leur ensemble, la plupart de ses chapitres sont pourtant inventés. On ne pourrait, toutefois, y trouver un détail contraire à la vérité historique, ou qui fausserait un caractère, ou qui n’appartiendrait pas au temps où l’action se déroule. Sans prendre des Iibertés poétiques comme Voltaire, qui fit aller le Roi au pays d’Elisabeth, l’auteur a, par exemple, donné Marie de Balzac pour maîtresse à Bassompierre, au temps de la guerre de Savoie où elle ne l’était pas encore : il n’a faussé la chronologie que pour se plier, comme dit Voltaire, «aux règles du théâtre» où l’action doit être rapide et concentrée. L’auteur use d’un autre procédé propre à la tragédie : celui de simplifier l’action, de réduire le nombre considérable des personnages réels, afin de ne pas égarer le lecteur, et de ne mettre en avant que des protagonistes forts et grands dans le mal comme dans le bien, non des demi-caractères ou des fantômes d’hommes.
La documentation historique de ce roman fut aussi poussée qu’elle peut l’être, au moyen des éléments relativement incomplets, malgré leur nombre, que nous possédons, mémoires, correspondances, pamphlets, procès, toutes choses tant imprimées que manuscrites, sans parler de quelques documents inédits et personnels. Aussi Fernand Fleuret tient-il à honneur de s’être rencontré avec Michelet dans ses conclusions, fondées sur la vérité la plus logique, partant la plus rigoureuse. Parfois, pour être en même temps vrai dans l’Art et vrai selon l’Histoire, il a dialogué des pages de Sully, par exemple, ou mis en action des récits de Pierre Mathieu ou du Maréchal de Castelneau, leur empruntant jusqu’à des expressions, voire des lambeaux de phrases.
Enfin, s’il a dû souvent instruire son lecteur pour l’entente ou la préparation des événements, il n’a pas moins songé à l’amuser comme au beau temps des romans de cape et d’épée. Quant à Henri IV, il l’a peint en prince génial et magnanime, sans daigner faire état de l’interprétation de comédie et d’opéra que fabriqua le XVIIIᵉ siècle, et qui nous donna le Vert-Galant, parodie mesquine et dérisoire du plus grand des rois et des capitaines.