Du meilleur au pire
(à travers le théâtre)
Collection Blanche
Gallimard
Parution
«Ce nouveau recueil groupe un certain nombre d'articles choisis parmi ceux qui parurent depuis sept ans, soit au Temps, soit, pour la plupart, au Figaro. Quelques-uns d'entre eux (en ce qui concerne le grand répertoire notamment) ont été repris, fondus ou augmentés. Des auteurs qui ne figuraient pas, ou très peu, dans Au hasard des soirées complètent une liste encore bien insuffisante mais qui pourra néanmoins facilité une vue panoramique.
J'ai pensé d'autre part qu'un abrégé de la crise de la Comédie-Française devait ouvrir le livre et rappeler la lutte héroï-comique des amis de la Maison pour le sauvetage du vieux radeau où une troupe hagarde guettait l'heure du dernier supplice et de la vengeance de Dieu.
Le lecteur, parcourant ce volume, sera peut-être frappé du manque de grandes perturbations dans la vie théâtrale et de l'extrême quiétude de l'horizon dramatique. Au milieu des déroutes du temps cette absence de malheur paraît presque alarmante... L'art continue tout simplement.
Les vicissitudes de la politique, le sort d'un ministère ou les scandales d'un crime n'ont qu'une importance bien faible, bien passagère et toute illusoire. Notre époque sera finalement jugée selon ses œuvres. On peut penser que le nom d'un Claudel, d'un Giraudoux, triompheront, à la longue, de ceux de M. Cachin ou de Tino Rossi. Il faut le croire et même en être sûr.
Mais aimer un art, l'aimer vraiment, cette préférence, lorsqu'elle vous tient, crée des devoirs, des exigences et aussi des susceptibilités – j'entends des susceptibilités de goût. Il s'agit d'un domaine où les jugements se passent de loi. Il y a des réflexes, des élans, des répugnances instinctives : il y a les réactions d'un esprit en face d'autres esprits. L'important consiste à choisir.
Dans ce choix se retrouvent et se groupent les êtres de même race. Si le théâtre risquait un jour de se dégrader ce serait par les entreprises de bénissage. Commettre des erreurs en ce qui concerne le sort d'une pièce n'est rien. Il est grave de se tromper sur la qualité d'une âme ou la classe d'un talent.
Les valeurs spirituelles nous consolent.
En elles se réfugie notre dernier espoir de vivre libres.
Je m'estimerais comblé si le lecteur pouvait s'en convaincre après avoir entrepris cette promenade un peu zigzagante, du meilleur au pire, à travers le temps et les œuvres.»
Pierre Brisson.
J'ai pensé d'autre part qu'un abrégé de la crise de la Comédie-Française devait ouvrir le livre et rappeler la lutte héroï-comique des amis de la Maison pour le sauvetage du vieux radeau où une troupe hagarde guettait l'heure du dernier supplice et de la vengeance de Dieu.
Le lecteur, parcourant ce volume, sera peut-être frappé du manque de grandes perturbations dans la vie théâtrale et de l'extrême quiétude de l'horizon dramatique. Au milieu des déroutes du temps cette absence de malheur paraît presque alarmante... L'art continue tout simplement.
Les vicissitudes de la politique, le sort d'un ministère ou les scandales d'un crime n'ont qu'une importance bien faible, bien passagère et toute illusoire. Notre époque sera finalement jugée selon ses œuvres. On peut penser que le nom d'un Claudel, d'un Giraudoux, triompheront, à la longue, de ceux de M. Cachin ou de Tino Rossi. Il faut le croire et même en être sûr.
Mais aimer un art, l'aimer vraiment, cette préférence, lorsqu'elle vous tient, crée des devoirs, des exigences et aussi des susceptibilités – j'entends des susceptibilités de goût. Il s'agit d'un domaine où les jugements se passent de loi. Il y a des réflexes, des élans, des répugnances instinctives : il y a les réactions d'un esprit en face d'autres esprits. L'important consiste à choisir.
Dans ce choix se retrouvent et se groupent les êtres de même race. Si le théâtre risquait un jour de se dégrader ce serait par les entreprises de bénissage. Commettre des erreurs en ce qui concerne le sort d'une pièce n'est rien. Il est grave de se tromper sur la qualité d'une âme ou la classe d'un talent.
Les valeurs spirituelles nous consolent.
En elles se réfugie notre dernier espoir de vivre libres.
Je m'estimerais comblé si le lecteur pouvait s'en convaincre après avoir entrepris cette promenade un peu zigzagante, du meilleur au pire, à travers le temps et les œuvres.»
Pierre Brisson.