Glenn Spotswood est le fils d'un professeur d'université qui a été révoqué en raison de ses opinions pacifistes (pendant la guerre de 14-18). Glenn perd sa mère qu'il adore, alors qu'il est encore enfant. Il poursuit ses études, tant bien que mal, tout en travaillant dans un camp de jeunes garçons, puis comme ouvrier agricole, enfin à New York où il a la chance d'être emmené par un de ses professeurs.
C'est alors que commencent ses aventures amoureuses et politiques. Attiré par sa générosité native vers les milieux progressistes, puis vers le Parti Communiste lui-même, il y connaît la plus forte exaltation, mais bientôt les déceptions les plus amères, à la suite desquelles, après maintes péripéties, et retombé dans une extrême pauvreté, il s'engage pour la guerre d'Espagne.
C'est là, après avoir nourri (et perdu) de nouvelles illusions, qu'il trouvera sa fin : on sait qu'il a été exclu du parti en Amérique, aussi n'est-il pas autorisé à se battre. Il doit se contenter de travailler dans un atelier de réparation ; puis, jeté en prison, il passe en conseil de guerre... Au secret, dans une cellule, tandis
que la ville où il se trouve est bombardée par les franquistes, deux de ses juges (Américains eux aussi) viennent un jour le libérer sous prétexte de lui confier une mission : porter deux seaux pleins d'eau aux combattants isolés sur une colline, entre deux feux.
Glenn accepte, en connaissance de cause... Dès qu'il s'est engagé sur le sentier qui mène au sommet de la colline, il entend les balles siffler...
Dans cet admirable roman, Dos Passos brosse un tableau des milieux progressistes américains pendant l'ère Roosevelt. Il nous fait partager les espoirs, les déceptions d'un homme qui sans doute lui ressemble, et cette œuvre est la plus âpre prise de conscience que nous ayons du tournant d'une génération américaine.