Sainte patience

Collection Blanche
Gallimard
Parution
Armen Lubin, avec son Passager clandestin, paru en 1946, avait déjà donné la mesure de son originalité, faite d'une sensibilité volontiers ironique et d'une observation subtile. Son nouveau recueil, Sainte patience, le confirme dans cette tonalité très particulière, où Ies couleurs d'une angoisse opprimante se fondent avec celles d'une joie aérienne.
Armen Lubin tient en bride son lyrisme. Il a la pudeur de ses souffrances et, par sa façon gouailleuse de s'épancher, rend ses confidences plus émouvantes. Il transcrit, avcc une suggestivité qui ne peut laisser indifférent, l'ambiance des sanas et des hôpitaux, et justifie le choix de son titre en analysant les tourments du malade en face de «la douleur plus redoutable que la mort».
Son don d'observation nous vaut des poèmes moins «noirs», et les promenades auxquelles il nous convie à travers les rues de Paris, ou, le dimanche, au bord de la Marne, créent un climat d'humour et de fantaisie qui fait sourire tout en donnant à méditer, car il ne s'agit pas tant de promenade que de libération.
Le vers que manie Armen Lubin est l'exact prolongement de son inspiration : il regorge d'images, tantôt fluides, tantôt précises, insérées dans des phrases où il n'est pas question de musique facile.