Monsieur Thiers et son siècle

Cet ouvrage n'est pas exactement une biographie de Thiers. Le propos de l'auteur n'est pas chronologique. C'est un essai pour prendre, sur la vie du «libérateur du territoire», une vue d'ensemble, pour définir son tempérament. «À quelques années d'intervalle, Flaubert juge Thiers. Quand il écrit à George Sand, c'est un rugissement : «Non, rien ne peut donner l'idée du vomissement que m'inspire ce vieux melon diplomatique, arrondissant sa bêtise sur le fumier de la bourgeoisie... Il me semble éternel comme la médiocrité.» Mais le territoire est libéré, puis Thiers meurt dans l'apothéose. Et Flaubert s'écrie : «Je n'aimais pas ce roi des prud'hommes. N'importe! Comparé aux autres qui l'entouraient, c'est un géant. Et puis, il avait une vertu rare : le patriotisme. Personne n'a résumé comme lui la France.» Résumé de la France! Avec ses qualités et ses défauts, intelligent, insupportable, orgueilleux, détestant le désordre, travailleur, plaisantin ou grave, primesautier et appliqué, galant et sérieux, oublieux et rancunier, rachetant ses fautes par des traits sublimes, patriote surtout, Thiers ne demandait pas d 'autre éloge que celui décerné par Flaubert. Il résume la France. La France de son temps? Pas seulement. La France de tous les temps qui, vaincue, se relève ; bafouée, sait haïr ; occupée, se libère.