Madeleine et André Gide
Collection Blanche
Gallimard
Parution
Gide a beaucoup parlé de celle qu’il appelle «le grand amour de sa vie» et qui tient tant de place, sous le nom d›«Emmanuèle», dans ses Cahiers d’André Walter et tout au long de son Journal. Mais, par un triste paradoxe, personne n’a contribué plus que lui à fausser son image. Dans le petit écrit qu’il lui a consacré posthumement, Et nunc manet in te – confession de ses aveuglements et de ses fautes – il a répandu sur quarante ans de vie conjugale la pesante atmosphère qui n’y a régné que pendant une période de crise. Il a ainsi propagé l’idée d’un «drame continu» dont sa femme aurait été, dès le premier jour, l’infortunée victime.
Ayant connu Madeleine et André Gide dès l’époque de leur mariage et n’ayant jamais cessé de les approcher, Jean Schlumberger reste aujourd’hui un de leurs seuls contemporains dont le témoignage direct puisse aider à dissiper cette pénible vision, propre à créer toute sorte de malentendus et de légendes. S’aidant de documents que lui ont fournis des amis, mais s’appuyant surtout sur les lettres de Madeleine Gide elle-même, il s’est efforcé de tirer hors de la pénombre cette belle figure, avec tout ce qu’elle avait de noblesse et d’accent. Du même coup, c’était rétablir la vérité de ce que fut, malgré les épreuves, l’indestructible attachement de ce couple.