Les enfants de l'humour
Préface de Jean Dutourd
Gallimard
Parution
«Très vite, les enfants apprennent que la vie n'est pas facile et qu'il est peu recommandé de dire en toute naïveté ce qu'on pense ou ce que
l'on ressent. Alors ils se servent de la seule arme qui soit à leur disposition : le mensonge. Toute personne sincère conviendra que la seule
façon de se tirer de la vie sans trop de dommages entre cinq et dix-sept ans, c'est de mentir à peu près constamment.
Cela est très net à l'école, dans les rapports des enfants avec leurs maîtres. Ceux-ci, en effet, sont des adultes comme les autres. Par conséquent, il faut leur parler comme aux adultes. On n'écrit pas dans un devoir de français ce que l'on croit être juste et vrai, mais ce qui fera plaisir au professeur. C'est ainsi que peu à peu l'hypocrisie se développe et que l'on devient, sans s'en apercevoir et, à la longue, sans douleur, un parfait conformiste.
Jeanne Delais n'a jamais demandé à ses élèves de lui faire plaisir. Mieux, elle leur a toujours donné le sentiment qu'elle les estimerait davantage s'ils la considéraient comme une personne sérieuse, c'est-à-dire impossible à choquer.
La récompense de Mme Delais, c'est ce livre. Il n'est pas seulement comique comme la plupart des recueils de perles naturelles. Il est aussi d'un profond enseignement. On y voit, à travers les récits baroques, les réflexions absurdes ou pénétrantes, les lapsus révélateurs, l'âme même de l'enfance que l'on pourrait qualifier des deux mots rendus célèbres par Goethe : "Poésie et Vérité".»
Jean Dutourd.
Cela est très net à l'école, dans les rapports des enfants avec leurs maîtres. Ceux-ci, en effet, sont des adultes comme les autres. Par conséquent, il faut leur parler comme aux adultes. On n'écrit pas dans un devoir de français ce que l'on croit être juste et vrai, mais ce qui fera plaisir au professeur. C'est ainsi que peu à peu l'hypocrisie se développe et que l'on devient, sans s'en apercevoir et, à la longue, sans douleur, un parfait conformiste.
Jeanne Delais n'a jamais demandé à ses élèves de lui faire plaisir. Mieux, elle leur a toujours donné le sentiment qu'elle les estimerait davantage s'ils la considéraient comme une personne sérieuse, c'est-à-dire impossible à choquer.
La récompense de Mme Delais, c'est ce livre. Il n'est pas seulement comique comme la plupart des recueils de perles naturelles. Il est aussi d'un profond enseignement. On y voit, à travers les récits baroques, les réflexions absurdes ou pénétrantes, les lapsus révélateurs, l'âme même de l'enfance que l'on pourrait qualifier des deux mots rendus célèbres par Goethe : "Poésie et Vérité".»
Jean Dutourd.