Collection La Croix du Sud
Gallimard
Parution
«Quant aux légendes mêmes, j’en demeure assez ivre. Rien ne me parut plus étrange – je veux dire plus étranger à mon esprit, à ma faculté d’attendre de l’inattendu – que ces histoire – rêves·poèmes où se confondent si bizarrement les croyances, les contes et les mœurs de tous les âges d’un peuple composite, tous les produits capiteux d’une terre puissante et toujours convulsive, en qui les forces
de divers ordres qui ont engendré la vie après en avoir dressé le décor de roche et d’humus, sont encore menaçantes et fécondes, comme prêtes à créer, entre deux Océans, à coup de catastrophes, de nouvelles combinaisons et de nouveaux thèmes d’existence.
Quel mélange que ce mélange de nature torride, de botanique aberrante, de magie indigène, de théologie de Salamanque, où le volcan, les moines, l’Homme-Pavot, le Marchand de bijoux sans prix, les «bandes d’ivrognesses dominicales», les «maîtres mages qui vont dans les villes enseigner la fabrication des tissus et la valeur du Zéro», composent les plus délirants des songes.
Ma lecture me fut un philtre, car cet ouvrage se boit plus qu’il ne se lit. Il me fut l’agent d’un cauchemar tropical, vécu non sans un singulier délice. J’ai cru avoir absorbé le suc de plantes incroyables, ou une décoction de ces fleurs qui capturent et digèrent les oiseaux.»
Paul Valéry.
Quel mélange que ce mélange de nature torride, de botanique aberrante, de magie indigène, de théologie de Salamanque, où le volcan, les moines, l’Homme-Pavot, le Marchand de bijoux sans prix, les «bandes d’ivrognesses dominicales», les «maîtres mages qui vont dans les villes enseigner la fabrication des tissus et la valeur du Zéro», composent les plus délirants des songes.
Ma lecture me fut un philtre, car cet ouvrage se boit plus qu’il ne se lit. Il me fut l’agent d’un cauchemar tropical, vécu non sans un singulier délice. J’ai cru avoir absorbé le suc de plantes incroyables, ou une décoction de ces fleurs qui capturent et digèrent les oiseaux.»
Paul Valéry.