Collectif
La Mort du roi
. Autour de François Mitterrand. Essai d'ethnographie politique comparée
Ouvrage collectif d'Avner Ben-Amos, Alain Boureau, Antonio Elorza, Armelle Enders, Éric Fassin, Danièle Hervieu-Léger, Claudio Sergio Ingerflom, Tamara Kondratieva, Marie-Laurence Netter, Mona Ozouf, Christophe Prochasson, Anne Rasmussen et de Jacques Revel. Édition publiée sous la direction de Jacques Julliard
Collection La Suite des temps
Gallimard
Parution
Personne ne saura jamais ce qui s’est passé dans la tête et le cœur des Français le 8 janvier 1996, à l’annonce de la mort de François Mitterrand.
Mais on a vu - dans les images montrées alors, dans ce qui s’est dit, dans ce qui s’est écrit - refleurir avec abondance la métaphore des «deux corps du roi». Fallait-il la prendre au pied de la lettre ou à tout le moins la prendre au sérieux ? C’est, en somme, le sujet même de ce livre. De la réponse qu’on donnera à cette question dépend l’idée qu’on se fera du pouvoir et de son dépositaire dans le monde contemporain.
Le sous-titre du livre dit assez, dans sa modestie, sa méthode. Fondée sur l’étude structurelle de la mort de l’ancien président de la République, la comparaison s’imposait avec le passé : la Révolution française, de la mort de Louis XVI à celle de Marat ; la IIIᵉ République où se met en place le cérémonial national autour de la mort de Gambetta, de Félix Faure, des funérailles du maréchal Foch. Et la comparaison dans l’espace avec des chefs d’État de statuts divers - de la «canonisation» de Lénine à l’héroïsation de Kennedy, de la mort annoncée de Franco à celle, inattendue et télévisuelle, du Brésilien Neves - permettait de distinguer ce qui, dans cette affaire, peut passer pour une constante de l’époque, ce qui relève de la spécificité française ou de la nature sacrée du pouvoir.
Mais on a vu - dans les images montrées alors, dans ce qui s’est dit, dans ce qui s’est écrit - refleurir avec abondance la métaphore des «deux corps du roi». Fallait-il la prendre au pied de la lettre ou à tout le moins la prendre au sérieux ? C’est, en somme, le sujet même de ce livre. De la réponse qu’on donnera à cette question dépend l’idée qu’on se fera du pouvoir et de son dépositaire dans le monde contemporain.
Le sous-titre du livre dit assez, dans sa modestie, sa méthode. Fondée sur l’étude structurelle de la mort de l’ancien président de la République, la comparaison s’imposait avec le passé : la Révolution française, de la mort de Louis XVI à celle de Marat ; la IIIᵉ République où se met en place le cérémonial national autour de la mort de Gambetta, de Félix Faure, des funérailles du maréchal Foch. Et la comparaison dans l’espace avec des chefs d’État de statuts divers - de la «canonisation» de Lénine à l’héroïsation de Kennedy, de la mort annoncée de Franco à celle, inattendue et télévisuelle, du Brésilien Neves - permettait de distinguer ce qui, dans cette affaire, peut passer pour une constante de l’époque, ce qui relève de la spécificité française ou de la nature sacrée du pouvoir.