L'amour et l'Escorial

«D'étranges liens d'amour, d'intrigue et de complicité unirent vers 1577 le roi d'Espagne Philippe II et son ministre Antonio Perez à la Princesse d'Eboli. Cette belle aventure espagnole (dont les raffinements cruels ont parfois une saveur florentine) a déjà tenté des historiens. Chacun s'est pris de passion pour l'un des personnages : Mignet pour Antonio Perez, Louis Bertrand pour Philippe II. Ils ont pourtant éclairci quelques points de fait essentiels de cette "ténébreuse affaire". Il restait une énigme psychologique, que j'ai tenté de débrouiller. Il restait aussi à faire vivre le temps et les lieux autour des personnages. Pendant cinq ans, cette idée est restée présente à mon esprit et peu à peu voyages et lectures l'ont enrichie. J'ai vécu avec mes personnages dans le silence des musées et l'abandon des palais en ruines. La lecture de Cervantès ou de Lope m'a aidé à comprendre des traits de leurs caractères. Monté sur un ânon, j'ai poursuivi le fantôme de Charles Quint sur la colline pierreuse que couronne le monastère de Yuste. À Madrid, à Paris, j'ai parlé avec les derniers amoureux de la princesse d'Eboli. Ce travail, c'était pour moi une façon de vivre pendant un temps en homme du XVIᵉ siècle. Il doit y avoir encore quelques traces de ce plaisir royal dans le livre.»
Alfred Fabre-Luce.