Exécutoire

Que ce soit dans de très courts poèmes, tels les «Distiques», ou dans les plus longs (jamais bien longs du reste), comme certains de «Fractures», que ce soit dans des «Élégies» ou des «Chansons», on est frappé par la constance du poète à tenter de dominer le malaise ou l'angoisse que l'homme éprouve devant le monde des choses qui l'entourent, et à y chercher au contraire une joie :
On peut bien dans le noir
Allumer la bougie

Et s'asseoir auprès d'elle
Sur la table posée

Pour le très grand plaisir
De regarder la flamme.

«Opérations d'exorcisme», a-t-on dit des poèmes de Guillevic. Certes, mais avec un profond sentiment du tragique :
Avec le chanvre on fait
Des toiles, des cordages.

Avec le chanvre on fait
La lanière des fouets.

Avec les mains liées
On supporte le fouet.