De tout temps à jamais

C'est en des esprits qui diffèrent singulièrement que nous trouvons la même ferveur pour un poète qui ne voulut être que lui-même et qui se détacha, par sa simplicité, du monde officiel, du snobisme et de la complexité actuelle. Et cela depuis 1888.
Marcel Proust écrivait à Louis de Robert que lui seul, Francis Jammes, sait trouver le mot vrai qui jaillit comme un cri du tréfonds de l'inspiration.
André Gide, dans un de ses Prétextes ou dans une de ses Lettres à Angèle, ne déclare-t-il pas que, lorsqu'on le lit, il semble que Francis Jammes seul soit poète?
Et dans sa correspondance, Anna de Noailles avouait à Marcel Proust que du jour qu'elle avait ressenti le génie de Jammes c'est à celui-ci qu'elle voyait Saint François d'Assise remettre le plus beau prix du Paradis, cependant que sous les pas de ce dieu champêtre s'enflammaient les digitales et s'azuraient les campanules.
Enfin Monseigneur Barthés, tout récemment, au sujet d'Alouette, l'un des plus récents poèmes et des plus primitifs et définitifs de Francis Jammes, et qui paraît dans ce livre De tout temps à jamais, écrivait : «C'est d'une inspiration toute franciscaine, comme celle qui soulevait l'âme de Fra Angelico ou qui faisait battre le cœur de Saint François d'Assise.»