Au secret des pierres

Collection Blanche
Gallimard
Parution
Poésie nue et tranchante comme un éclat de miroir, ou de silex, réduite à l'élémentaire, à la pierre chaude, à la poussière, à la porte qui claque, au contrevent qui bat...
Naguère encore Jean Lebrau chantait le cèpe et le colchique, aujourd'hui les débats avec la fièvre de son climat ne laissent plus place qu'à l'évocation de la lutte stérile des «Corbières amères» contre le soleil, la soif et le vent. Val pierreux, plâtre des masures, croulantes bergeries, puits taris, buis rabougris, épine haletant le long d'une cabane, sur le dos du hérisson...
Trop heureux si la bête échappait au sort de l'homme! Et jamais Lebrau ne nous est plus fraternel que lorsqu'il prête sa voix au gémissement inarticulé du règne animal, à sa longue plainte de tendresse inassouvie.
Ce poète a le sentiment tragique de la vie. Peut·être cela tient·il aux affinités de sa terre avec l'Espagne toute proche, l'Espagne présente dans son univers comme une tentation et une exaltation, l'Espagne de la chair, du sang et du mysticisme.