À perpétuité !
Trad. de l'anglais (États-Unis) par André Larrivoire
Collection L'Air du Temps
Gallimard
Parution
L’auteur de À perpétuité se trouve dans ce cas extrêmement rare et fort dramatique du condamné à perpétuité qui sait qu’il n’est rien au monde qui puisse jamais faire commuer sa peine.
Condamné une première fois à perpétuité pour cambriolages de banques à main armée, il s’évade, est repris, et sait désormais que ses jours se termineront en prison. Peu à peu, la haine de la police et de la société qui le ronge se transforme en un sentiment plus constructif qui lui donne le désir de s’efforcer de vivre aussi dignement qu’il se peut sa vie de condamné a perpétuité et d’aider peut-être à améliorer les conditions de vie dans les prisons. Il y réussit dans une assez large mesure, en même temps que, sans l’avoir cherché, il devient ce personnage extraordinaire du condamné à perpétuité dont les écrits sont publiés dans les magazines célèbres en Amérique, et dont le présent livre connaît un énorme succès. Il entretient une correspondance amicale avec beaucoup de personnages notoires qui l’aident de leurs encouragements.
C’est sa vie entière qu’il nous raconte dans À perpétuité. Comme il le dit dans une courte préface : «On ne peut décrire la prison ; ceux qui s’y sont employés n’y ont jamais passé une heure. J’y suis moi-même depuis quinze ans et je vais m’efforcer de la dépeindre honnêtement, telle que je la vois, et en toute sincérité, c’est atroce. 0n plaisante, on crâne par crainte de révéler ce qui se passe dans notre cœur, et le lecteur comprendra, je pense, pourquoi il m’arrive de parler parfois du crime avec légèreté.»
Le récit que Tom Runyon nous fait de son enfance est remarquable. On sent que l’auteur n’a rien ajouté ni retranché, et qu’en dépit de la tentation il n’essaie jamais de leurrer les autres ni de se leurrer lui-même pour faire retomber sur cette enfance parfaitement normale la responsabilité de ses actes futurs. À dire vrai, encore qu’il s’y efforce en toute bonne foi, il ne comprend pas très exactement ce qui fait un criminel d’un jeune homme normal, qui a épousé la femme de ses rêves, adore sa mère et sa sœur, deux femmes assez remarquables, et plus encore le petit garçon qui lui est né.
Le fils de Tom Runyon, auquel on a, bien entendu, toujours caché l’identité de son père, la découvre par hasard alors qu’il est âgé de quinze ans, et apprend en même temps son comportement. Loin de renier ce père forçat, il s’en montre fier. Après avoir lu À perpétuité, on comprend son sentiment.