Un procès «ordinaire» en U.R.S.S
. Le Dr Stern devant ses juges
Trad. du russe par Ania Chevallier
Collection Témoins
Gallimard
Parution
«Le 25 mars 1976, un appel de Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, signé de cinquante prix Nobel, attirait l'attention sur le sort du docteur Mikhaïl Stern, condamné un an plus tôt par la cour d'appel de l'Ukraine à huit ans de travaux correctifs dans un camp de travail à régime sévère.
Médecin-chef du centre d'endocrinologie de Vinnitza, près de Kiev, réputé depuis trente ans pour sa compétence et son dévouement, et de surcroît membre du Parti communiste depuis la guerre, le docteur Stern s'était refusé à faire la moindre pression sur ses deux fils, Victor, physicien et mathématicien de trente-quatre ans, et August, docteur en psychologie, âgé de trente ans, qui venaient de déposer une demande d'émigration. Le K.G.B. lui fabriqua donc un invraisemblable procès, où le docteur Stern se vit accusé, d'ailleurs sans la moindre preuve, d'avoir en vingt ans de pratique reçu les "pots-de-vin" suivants : deux oies, un coq, soixante-dix œufs, trois paniers de pommes et 775 roubles. Moyennant quoi, dans un camp de Kharkov, aux conditions les plus dures, il visse aujourd'hui des boulons.
Ce n'est cependant pas la vie des camps, désormais bien connue, que ce livre raconte, mais la mécanique par laquelle on y va. Par un exceptionnel concours de circonstances, les fils du docteur Stern, admis au procès, ont eu l'audace d'enregistrer les audiences et, malgré perquisitions et persécutions, sont arrivés à faire parvenir en Occident ces précieux témoignages de la routine bureaucratique de la justice soviétique : un document clandestin aujourd'hui extraordinaire sur un procès que le procureur lui-même déclare "très ordinaire". Au lecteur de juger.»
Médecin-chef du centre d'endocrinologie de Vinnitza, près de Kiev, réputé depuis trente ans pour sa compétence et son dévouement, et de surcroît membre du Parti communiste depuis la guerre, le docteur Stern s'était refusé à faire la moindre pression sur ses deux fils, Victor, physicien et mathématicien de trente-quatre ans, et August, docteur en psychologie, âgé de trente ans, qui venaient de déposer une demande d'émigration. Le K.G.B. lui fabriqua donc un invraisemblable procès, où le docteur Stern se vit accusé, d'ailleurs sans la moindre preuve, d'avoir en vingt ans de pratique reçu les "pots-de-vin" suivants : deux oies, un coq, soixante-dix œufs, trois paniers de pommes et 775 roubles. Moyennant quoi, dans un camp de Kharkov, aux conditions les plus dures, il visse aujourd'hui des boulons.
Ce n'est cependant pas la vie des camps, désormais bien connue, que ce livre raconte, mais la mécanique par laquelle on y va. Par un exceptionnel concours de circonstances, les fils du docteur Stern, admis au procès, ont eu l'audace d'enregistrer les audiences et, malgré perquisitions et persécutions, sont arrivés à faire parvenir en Occident ces précieux témoignages de la routine bureaucratique de la justice soviétique : un document clandestin aujourd'hui extraordinaire sur un procès que le procureur lui-même déclare "très ordinaire". Au lecteur de juger.»