Si je t'oublie, Jérusalem

If I Forget Thee, Jerusalem
Les Palmiers sauvages
Trad. de l'anglais (États-Unis) par Maurice-Edgar Coindreau et révisé par François Pitavy. Préface et notes de François Pitavy
Collection L'Imaginaire (no439)
Gallimard
Parution
La femme cessa de pagayer, le canot dériva en perdant de la vitesse tandis qu’elle regardait tout autour d’elle. « Nous en voilà sortis », dit-elle.
Le forçat leva la tête et regarda aussi autour de lui.
« Sortis d’où ?
— Je pensais que peut-être vous sauriez.
— Je sais même pas où que j’étais avant. Même que je saurais où se trouve le nord, je saurais même pas si c’est là que je veux aller. » Il prit de l’eau dans sa main et la porta à son visage, puis abaissa la main et regarda les traînées cramoisies sur sa paume, sans avoir l’air ni abattu ni inquiet, mais plutôt avec une sorte d’étonnement sardonique et mauvais.
La femme observait sa nuque.
« Il faut absolument qu’on arrive quelque part. »

Dans Si je t’oublie, Jérusalem deux récits s’entrecroisent : Les palmiers sauvages raconte le destin tragique de deux amants, un médecin et une femme mariée, et Vieux Père le combat déséquilibré d’un détenu contre la grande crue du Mississippi de 1927. Le thème de la captivité, littérale et métaphorique, — suggéré par le titre — est au cœur de ce roman.