Requiem pour une nonne
. Pièce en deux parties et sept tableaux d'après William Faulkner
Collection Le Manteau d'Arlequin
Gallimard
Parution
«Parlant de Sanctuaire, André Malraux a dit que Faulkner avait introduit le roman policier dans la tragédie grecque. C'est vrai. Il y a d'ailleurs du roman policier dans toute tragédie. Faulkner, qui le sait, n'a pas hésité à choisir ses criminels et ses héros dans les journaux d'aujourd'hui. Ces personnages, les voici :
Temple Drake, l'héroïne de Sanctuaire – où elle est séquestrée par Popeye, un gangster impuissant, dans une maison de prostitution, – et que vous retrouverez ici mariée à Gowan Stevens et mère de famille, n'a pas hésité à confier la garde de ses enfants à une négresse prostituée, Nancy Mannigoe. Nancy a tué l'un des bébés auxquels elle semblait pourtant fort attachée. Pourquoi? Le rideau se lève sur sa condamnation à mort, mais le mystère reste entier. Il se révélera petit à petit que Temple elle-même n'est pas tout à fait étrangère à ce crime. Et puis, pressée par son oncle, l'avocat Gavin Stevens, autre familier de la saga faulknérienne, elle finira par avouer sa part de culpabilité, sans réussir à prévenir pour autant l'exécution de la criminelle.
Un secret, donc. Et un conflit. Celui qui oppose les protagonistes à leur destin et qui se résout dans leur acceptation de ce destin. Voilà les clés de la tragédie antique. Faulkner s'en est servi pour ouvrir la voie à la tragédie moderne. Bien qu'elle n'ait pas été écrite pour la scène (le Requiem, dans sa forme originale, est un roman dialogué), son œuvre, d'une intensité toute dramatique, me paraît l'une de celles qui se rapprochent le plus d'un certain idéal tragique.
Les personnages sont d'aujourd'hui et ils sont affrontés pourtant au même destin qui écrasait Électre ou Oreste. Seul un grand artiste pouvait tenter ainsi d'introduire dans nos appartements le grand langage de la douleur et de l'humiliation, – un langage qui doit être en même temps assez simple pour être le nôtre et assez grand pour atteindre au tragique. Faulkner a trouvé, selon moi, ce langage. Mon effort a été de le restituer en français et de ne pas trahir l'œuvre et l'auteur que j'admirais.»
Albert Camus.
Temple Drake, l'héroïne de Sanctuaire – où elle est séquestrée par Popeye, un gangster impuissant, dans une maison de prostitution, – et que vous retrouverez ici mariée à Gowan Stevens et mère de famille, n'a pas hésité à confier la garde de ses enfants à une négresse prostituée, Nancy Mannigoe. Nancy a tué l'un des bébés auxquels elle semblait pourtant fort attachée. Pourquoi? Le rideau se lève sur sa condamnation à mort, mais le mystère reste entier. Il se révélera petit à petit que Temple elle-même n'est pas tout à fait étrangère à ce crime. Et puis, pressée par son oncle, l'avocat Gavin Stevens, autre familier de la saga faulknérienne, elle finira par avouer sa part de culpabilité, sans réussir à prévenir pour autant l'exécution de la criminelle.
Un secret, donc. Et un conflit. Celui qui oppose les protagonistes à leur destin et qui se résout dans leur acceptation de ce destin. Voilà les clés de la tragédie antique. Faulkner s'en est servi pour ouvrir la voie à la tragédie moderne. Bien qu'elle n'ait pas été écrite pour la scène (le Requiem, dans sa forme originale, est un roman dialogué), son œuvre, d'une intensité toute dramatique, me paraît l'une de celles qui se rapprochent le plus d'un certain idéal tragique.
Les personnages sont d'aujourd'hui et ils sont affrontés pourtant au même destin qui écrasait Électre ou Oreste. Seul un grand artiste pouvait tenter ainsi d'introduire dans nos appartements le grand langage de la douleur et de l'humiliation, – un langage qui doit être en même temps assez simple pour être le nôtre et assez grand pour atteindre au tragique. Faulkner a trouvé, selon moi, ce langage. Mon effort a été de le restituer en français et de ne pas trahir l'œuvre et l'auteur que j'admirais.»
Albert Camus.