La Promenade du dimanche
. Pièce en deux actes
Présentation de Jean-Paul Sartre
Collection Le Manteau d'Arlequin
Gallimard
Parution
«La Promenade du dimanche fut écrite dans les derniers temps de la guerre d'Algérie, quand de considérables pétards secouaient les immeubles de Paris. Georges Michel voulait nous montrer à nous-mêmes tels que nous étions alors, avec notre ignorance fabriquée, notre indifférence à moitié subie, à moitié complice, marchant vers notre perte, les oreilles bouchées, un bandeau sur les yeux...
Cette pièce est scandaleuse et forte parce que, puisque la vie s'y résume en une promenade, l'invraisemblable y devient la vérité. Le grand-père meurt, tué par une balle perdue, un service spécial de la voirie fait disparaître le corps en vitesse et les survivants poursuivent la promenade dominicale comme si de rien n'était. Et si l'invraisemblable devient la vérité, du coup c'est la vérité qui paraît invraisemblable : c'est invraisemblable et vrai, cette indifférence à la mort des vieux, cet égoïsme, ces mots veules et mille fois répétés qui tombent comme des pelletées de terre sur le cadavre : voilà comment nous sommes dans la vie avec nos morts. Nous le savions, bien sûr : mais ce grossissement savant et réglé nous fait voir, avec un humour noir, cet Autre étrange, inacceptable et scandaleux : nous-mêmes.»
Jean-Paul Sartre
Cette pièce est scandaleuse et forte parce que, puisque la vie s'y résume en une promenade, l'invraisemblable y devient la vérité. Le grand-père meurt, tué par une balle perdue, un service spécial de la voirie fait disparaître le corps en vitesse et les survivants poursuivent la promenade dominicale comme si de rien n'était. Et si l'invraisemblable devient la vérité, du coup c'est la vérité qui paraît invraisemblable : c'est invraisemblable et vrai, cette indifférence à la mort des vieux, cet égoïsme, ces mots veules et mille fois répétés qui tombent comme des pelletées de terre sur le cadavre : voilà comment nous sommes dans la vie avec nos morts. Nous le savions, bien sûr : mais ce grossissement savant et réglé nous fait voir, avec un humour noir, cet Autre étrange, inacceptable et scandaleux : nous-mêmes.»
Jean-Paul Sartre