Mussolini, petit bourgeois

L'auteur fait ici de Mussolini un portrait fouillé dans ses moindres détails qui est d'une lecture passionnante. Paolo Monelli analyse patiemment l'enchaînement des faits qui ont permis à un homme que rien ne semblait destiner à la gloire de faire trembler le monde avant de le faire sourire. Il nous montre parallèlement le petit bourgeois et le dictateur que les circonstances, plus que lui-même peut-être, avaient fabriqué, car Mussolini ne fut sans doute que ce qu'il fut devant la mort : un pauvre homme souvent dépassé par les événements, aux prises avec, d'une part, les mythes qu'il avait créés, et de l'autre, ses pitoyables faiblesses, sa peur, ses fanfaronnades et sa solitude.
On arrive à comprendre l'amour fidèle et désintéressé que lui a porté, des années durant, Claretta qui devait le suivre volontairement dans une mort ignominieuse. Dès qu'elle le vit pour la première fois de sa fenêtre, Claretta Petacci s'éprit de Mussolini, qui devint et demeura son héros ; elle semble être la seule femme pour laquelle, cessant d'être un rustre, il eut des égards et un attachement du cœur.
L'ouvrage est écrit dons un style réaliste et riche en épithètes qui convient au personnage... autodidacte, truculent, qu'il décrit. On y retrouve sa grandiloquence, sa puérilité dans certains cas, sa grossièreté aussi, et toutes ses sorties fameuses, telle celle qui le fait s'écrier en parlant du général Berti auquel il reproche d'être célibataire : «Quel général est-ce là qui n'a pas souci de la matière première de la guerre!»
Outre le remarquable portrait de Mussolini, petit bourgeois, l'auteur a fait une étude très objective du peuple italien durant cette triste période de son histoire.