Les origines de l'homme américain

Collection L'Espèce humaine
Gallimard
Parution
Ce livre est un livre révolutionnaire, en ce sens qu'il apporte une démonstration en contradiction avec des idées qui furent pendant longtemps considérées comme acquises. Sa première édition parue en 1943, presque simultanément au Canada (en français), au Mexique (en espagnol) puis en 1948 au Brésil (en portugais), bien que rapidement épuisée, rencontra une évidente opposition, en particulier en Amérique du Nord, largement compensée par l'approbation des savants comme Antoine Meillet, Marcel Mauss, Georg Friederici.
La thèse proposée heurtait en effet de front les idées de grands savants comme Florentin Ameghino, en Argentine, sur l'origine autochtone de l'homme américain ou comme Ales Hrdlicka, aux États-Unis, sur la provenance exclusivement asiatique des habitants du Nouveau Monde. Elle soutenait en effet, d'une part, que l'Amérique est un pays de peuplement récent, et d'autre part que les émigrants venus de l'Ancien Monde avaient utilisé, outre la voie classique du détroit de Behring et des îles Aléoutiennes, la voie transpacifique et la voie antarctique.
Le Pacifique, considéré jusque-là comme une barrière infranchissable entre l'Ancien et le Nouveau Monde, devenait au contraire une route utilisée par l'homme et non seulement dans ses migrations, mais aussi pour des échanges commerciaux à double courant.
Par contre, l'océan Atlantique restait, jusqu'à Colomb, inviolé par les Européens et les Africains, sauf à l'Extrême Nord, où se déroula du Xᵉ à la fin du XVᵉ siècle l'extraordinaire et stérile épopée des Vikings.
Au cours des quatorze années qui se sont écoulées depuis la publication de la première édition, l'opposition qui s'était manifestée contre ces idées, en particulier en Amérique du Nord, a peu à peu faibli, au point qu'à l'occasion du Congrès International des Américanistes de New York, en 1949, une exposition fut organisée par des savants américains pour mettre en évidence les ressemblances ethnographiques et archéologiques océaniennes et américaines.
L'étude du peuplement de l'Amérique montre que ce continent à l'époque précolombienne a constitué un lieu de convergence de peuples d'origine variée : Asiatiques, Mélanésiens, Australiens qui se sont amalgamés et ont finalement engendré des civilisations d'une puissante originalité, exactement comme depuis la découverte, le Nouveau Monde s'est largement ouvert aux colons et émigrants de l'Ancien Monde qui, malgré leurs différences ethniques et culturelles, sont parvenus à y créer des civilisations nouvelles d'une puissance et d'une vitalité extraordinaires. Le parallélisme entre les deux évolutions est singulièrement frappant.
Lire un extrait