Les Mâtins

suivi de Le Printemps déguisé
Os Mastins
Trad. du portugais par Roberto Quemserat
Gallimard
Parution
L'apparent symbolisme des Mâtins ne peut tromper. Il est vrai que personnages et lieux y ont quelque chose de médiéval. Mais ce sont les structures économiques et sociales du Portugal actuel, on le sait, qui conservent la marque des anciens âges. Ainsi le conflit maître-esclave, thème du récit, s'accomplit-il en un lieu bien précis du monde. Au fur et à mesure que meurent les féroces chiens de garde du domaine, le maître perd de ses forces, finit par entrer en agonie. Et l'on comprend que Sylvia, femme du peuple, qu'il avait contrainte à partager sa couche, à trahir Leopoldo, n'est pas étrangère au lent massacre des mâtins.
Le Printemps déguisé, lui, traduit directement le drame qui plane sur tout un peuple. La figure centrale est celle d'un jeune Portugais qui a vécu la guerre en Angola, et qui, pour l'heure, vagabonde de Paris à Londres et Amsterdam. Aux réminiscences africaines se mêlent les images de l'Occident, au passé brûlant le présent calme, au refus de l'exploitation et de ses violences l'amour pour les choses du monde. Amour difficile, voire impossible, comme s'il s'était dit que tous les printemps nous seront longtemps encore refusés.
Plus encore que leur charge subversive, la rare puissance poétique de ces deux récits a placé d'emblée leur jeune auteur au premier rang des écrivains portugais de la nouvelle génération.