Parution
« Je voudrais, écrivait Zola, faire un livre qu'on n'attend pas de moi. » Le Rêve (1888) serait-il un conte bleu au sein de romans noirs ? Après avoir fui une famille qui la maltraite, Angélique Rougon est recueillie dans la ville de Beaumont par un couple de brodeurs très pieux, dont la maison est appuyée contre la cathédrale. Influencée par leur fervente éducation et la lecture de La Légende dorée, elle évolue dans une existence éthérée, où les saintes ont autant de consistance que le sol sous ses pas. Les pulsions héréditaires qui la rattachent aux autres Rougon-Macquart subsistent pourtant en elle ; mais ses instincts sont comme sublimés par la sainteté de son environnement. Durement ancrée dans la réalité, celle des conflits de classes qui compromettent son idylle avec le peintre-verrier Félicien, sa légende s'épanouit en pages somptueuses, comme un dernier flamboiement de l'imagination romantique.