La Périchole
Collection Blanche
Gallimard
Parution
Elle ne se contenta pas de sauter et de plaire à demeure, cette petite artiste qui, après avoir, dans son lointain Pérou, apprivoisé un vice-roi grognon et difficile, s'en vint en France pour tourner la tête à des hommes aussi méfiants, aussi désabusés que Mérimée. Certes, Micaela Villegas, dite la Périchole, n'arriva pas à Paris que désincarnée, réduite à la condition d'ectoplasme charmant, mais ses ravages n'en furent pas moindres. L'auteur du Théâtre de Clara Gazul lui insuffla tout de suite des grâces voltairiennes, Saint-Victor en parla comme d'une diablesse romantique, Offenbach la fit bondir dans un tourbillon de musique bouffonne et depuis lors, la série de ses amoureux posthumes ne s'arrête plus. Hier encore, Paul Morand et Valery Larbaud épousèrent en secret son ombre, comme ces voyageurs français de jadis qui se vantaient de l'avoir épousée aussi, alors qu'elle se promenait, en chair et en os, à Lima.
Une mise au point s'imposait donc pour démêler un peu de vérité dans tous ces racontars internationaux. Ce qui ne simplifie pas les choses, c'est que nous sommes en présence d'une double nature, d'une extravagante personne qui se permettait d'être à la fois coquette et dévote. «Une femme devrait opter», conseillait le moraliste de France. La petite Micaela ne voulut pas faire cette option difficile et s'arrangea assez bien pour fêter le même jour sa victoire éclatante sur son amant et le triomphe de l'Église catholique : 1° en exigeant et en obtenant du vice-roi un somptueux carrosse d'infante espagnole ; 2° en s'empressant de l'offrir, ledit carrosse, au curé pauvre qui portait à pied le Saint-Sacrement aux mourants.
Monsieur Ventura Garcia Calderon qui nous avait habitués à des notations plus tragiques sur son merveilleux Pérou natal semble, cette fois-ci, s'être délassé à ranimer pour nous une vie délicieuse. Il nous fait aimer l'histoire savoureuse et déconcertante de la fameuse comédienne et favorite qui hanta la vie d'un vice-roi d'un bout à l'autre de sa royauté, faillit s'en faire épouser, mourut tard à Lima, pieusement, entourée du respect de tous tandis que, grâce au génie de Mérimée, elle devenait aux yeux du monde une Carmen moins farouche et la sœur cadette de Célimène.
Une mise au point s'imposait donc pour démêler un peu de vérité dans tous ces racontars internationaux. Ce qui ne simplifie pas les choses, c'est que nous sommes en présence d'une double nature, d'une extravagante personne qui se permettait d'être à la fois coquette et dévote. «Une femme devrait opter», conseillait le moraliste de France. La petite Micaela ne voulut pas faire cette option difficile et s'arrangea assez bien pour fêter le même jour sa victoire éclatante sur son amant et le triomphe de l'Église catholique : 1° en exigeant et en obtenant du vice-roi un somptueux carrosse d'infante espagnole ; 2° en s'empressant de l'offrir, ledit carrosse, au curé pauvre qui portait à pied le Saint-Sacrement aux mourants.
Monsieur Ventura Garcia Calderon qui nous avait habitués à des notations plus tragiques sur son merveilleux Pérou natal semble, cette fois-ci, s'être délassé à ranimer pour nous une vie délicieuse. Il nous fait aimer l'histoire savoureuse et déconcertante de la fameuse comédienne et favorite qui hanta la vie d'un vice-roi d'un bout à l'autre de sa royauté, faillit s'en faire épouser, mourut tard à Lima, pieusement, entourée du respect de tous tandis que, grâce au génie de Mérimée, elle devenait aux yeux du monde une Carmen moins farouche et la sœur cadette de Célimène.