La Naissance

«Ce n'est pas exactement un roman, ni un poème, ni un essai, ni un récit, je ne sais comment vous dire, avant je prétendais non sans quelque fatuité que c'était un peu tout cela à la fois, mais à la réflexion je crois bien que ce n'est pas grand-chose, presque rien, juste une divagation...» En fait, ce livre se compose de dix chapitres qui sont chacun une confidence, un délire, une parlerie, la parlerie d'un homme pris de boisson et qui trouverait, grâce à l'excès d'alcool absorbé, ces moments de froide lucidité qu'on appelle aussi la griserie. Les circonstances de son déchirement sont banales : invité par des amis à une soirée, il y boit plus que de raison et, contraint à s'allonger dans une chambre voisine, il éprouve le besoin de commenter les dérisoires péripéties d'une vie en déroute par un discours titubant et irrépressible.
La coulée de ce récit, qui est à la fois un chant d'amour, de détresse et de mort, veut se charger de tous les prestiges de l'improvisation en simulant les faux progrès de la parole. À l'issue de cette fièvre, l'aube lui apporte une délivrance provisoire.