La chasse des animaux à fourrure au Canada
Préface de Pierre Deffontaines
Gallimard
Parution
«L'un des plus anciens moyens de travail de l'humanité a été la chasse. Nous avons voulu l'étudier en un pays où elle est dominante ; nulle part elle ne fut et elle n'est encore plus considérable qu'au Canada. Ce fut jadis, en ses vastes territoires, presque la seule occupation et la seule ressource des populations indigènes pendan t les nombreux siècles qui précèdèrent l'arrivée des Européens. L'installation des premierrs colons ne changea guère les horizons de travail, la première colonisation se fit par des pêcheurs et des chasseurs, qui adoptèrent rapidement les habitudes indigènes.
Le premier Canada français apparaît essentiellement comme une colonie de chasse, voué à la production des pelleteries par une véritable monoproduction. On défendit longtemps aux colons de s'adonner à d'autres travaux ; même le blé pour leur alimentation n'était pas produit par eux. Pendant plus d'un siècle, le Canada, premier pays de l'exportation du blé de nos jours, fut approvisionné par des farines garonnaises importées de Bordeaux. Les colons chasseurs menèrent des vies étonnantes ; ce sont eux qui découvrirent les immenses territoires ; à la poursuite du gibier, ils pénétrèrent jusqu'en Lousiane et jusqu'à l'Océan Arctique.
Il n'y a pas un demi-siècle, que les pelleteries ont cessé d'être le premier article des exportations canadiennes. Aujourd'hui d'ailleurs, la majorité du territoire du Canada a encore comme seule utilisation la chasse des animaux à fourrure. Les seuls aménagements de vastes forêts ou des lointaines toundras sont exécutés pour les chasseurs : routes de forêts, pistes de portage, postes et forts, depôts de vivres qui jalonnent les itinéraires et jusqu'aux services d'avions qui servent exclusivement au transport des fourrures.
Saus doute la chasse recule devant les progrès des nouvelles emblavures et devant les déforestations saus cesse agrandies des modemes usines de pâtes de bois. Le gibier diminue aussi par suite des perfectionnements des piégeages.
L'ancienne vie de chasse est-elle donc compromise? Il semble plutôt qu'elle s'oriente vers de nouvelles formes grâce à la multiplication des réserves et des parcs nationaux, à l'introduction de nouveaux gibiers comme cet énorme troupeau de 3 000 rennes qu'on y a conduit après un voyage de deux ans en partie sur la banquise au long de l'Océan Arctique canadien, grâce enfin à la production de la fourrure par l'élevage ; les anciens trappeurs deviendront-ils des fermiers de ces établissements étranges où l'on élève renards argentés, castors? Il y a aujourd'hui plus de 4 300 fermes d'animaux à fourrure.
Tels sont les problèmes qu'étudie en détail Benoît Brouillette, canadien lui-même, qui s'est mis longuement en rapport avec les chasseurs et négociants en fourrure et qui a récolté auprès d'eux ses très belles illustrations, qu'on verra au cours du volume.
Le premier Canada français apparaît essentiellement comme une colonie de chasse, voué à la production des pelleteries par une véritable monoproduction. On défendit longtemps aux colons de s'adonner à d'autres travaux ; même le blé pour leur alimentation n'était pas produit par eux. Pendant plus d'un siècle, le Canada, premier pays de l'exportation du blé de nos jours, fut approvisionné par des farines garonnaises importées de Bordeaux. Les colons chasseurs menèrent des vies étonnantes ; ce sont eux qui découvrirent les immenses territoires ; à la poursuite du gibier, ils pénétrèrent jusqu'en Lousiane et jusqu'à l'Océan Arctique.
Il n'y a pas un demi-siècle, que les pelleteries ont cessé d'être le premier article des exportations canadiennes. Aujourd'hui d'ailleurs, la majorité du territoire du Canada a encore comme seule utilisation la chasse des animaux à fourrure. Les seuls aménagements de vastes forêts ou des lointaines toundras sont exécutés pour les chasseurs : routes de forêts, pistes de portage, postes et forts, depôts de vivres qui jalonnent les itinéraires et jusqu'aux services d'avions qui servent exclusivement au transport des fourrures.
Saus doute la chasse recule devant les progrès des nouvelles emblavures et devant les déforestations saus cesse agrandies des modemes usines de pâtes de bois. Le gibier diminue aussi par suite des perfectionnements des piégeages.
L'ancienne vie de chasse est-elle donc compromise? Il semble plutôt qu'elle s'oriente vers de nouvelles formes grâce à la multiplication des réserves et des parcs nationaux, à l'introduction de nouveaux gibiers comme cet énorme troupeau de 3 000 rennes qu'on y a conduit après un voyage de deux ans en partie sur la banquise au long de l'Océan Arctique canadien, grâce enfin à la production de la fourrure par l'élevage ; les anciens trappeurs deviendront-ils des fermiers de ces établissements étranges où l'on élève renards argentés, castors? Il y a aujourd'hui plus de 4 300 fermes d'animaux à fourrure.
Tels sont les problèmes qu'étudie en détail Benoît Brouillette, canadien lui-même, qui s'est mis longuement en rapport avec les chasseurs et négociants en fourrure et qui a récolté auprès d'eux ses très belles illustrations, qu'on verra au cours du volume.